de Sylvie Verheide
France, 1h43, 2007.
Sélection Mostra de Venise 2008, section Journée des auteurs.
Sortie en France le 12 novembre 2008.
avec Léora Barbara, Melissa Rodriguez, Karine Rocher, Benjamin Biolay, Guillaume Depardieu.
Les années collège sont souvent difficiles pour les jeunes enfants, surtout quand les parents sont déficients et qu’il faut trouver seul son chemin pour s’en sortir pas trop cabossé par la vie.
Des enfances au cinéma, il y en a beaucoup et souvent, ce ne sont pas les plus tranquilles, dramaturgie oblige ! Si celle de Stella se distingue, c’est avant tout parce que le film montre très bien la fragilité de ces destins en devenir. Un mot de trop, un geste déplacé, une amitié refusé et c’est toute un avenir qui s’effondre. A dix ans, toute la vie peut changer, sans même que les parents s’en aperçoivent. Sylvie Verheide, la réalisatrice française, en fait une convaincante démonstration : « Stella s’est construit autour de mes souvenirs d’enfance, et particulièrement de mon entrée en sixième, en 1977. Le désir d’en faire un film est là depuis longtemps. Mais c’est l’entrée en 6ème de mon fils, il y a quatre ans, qui en a déclenché l’écriture. A ce moment-là , le débat sur l’école était assez vif : autorité, mixité, le voile, l’école comme ascenseur social etc., tout cela me renvoyait à ma propre vision de l’école et du lycée. Un lycée auquel je me suis accrochée malgré les nombreux déménagements de mes parents, et qui a été mon seul repère, mon seul point d’ancrage durant mon adolescence. J’ai eu envie de témoigner de cette chance qui m’a été donnée (…) Je voulais dépasser la chronique, être dans la fiction, à hauteur d’une petite fille. »
Les parents de Stella tiennent un café. La mère sert les clients et surveille la caisse plus que sa fille. Le père s’occupe à boire avec les clients et quand il pense à sa fille, ce n’est pas pour lui apprendre les tables de multiplication mais les rouages du poker. Stella entre en sixième, dans un collège où elle ne connaît personne et où les usages sont bien différents. Il va falloir les décrypter un à un, sans l’aide de personne, ou presque. Un itinéraire d’apprentissage dans les années 1970 où Stella marche sur une corde raide, risquant l’échec scolaire et le saccage de son enfance à chaque faux pas. La tension est réelle, l’émotion contenue et on a tous vécu un peu de ces moments-là , si confus lorsqu’on a 10 ans et si bien montrés à l’écran.
La réussite du film tient aussi à un excellent choix d’acteurs. Les deux fillettes, Léora Barbara et Melissa Rodriguez sont naturelles sans en faire trop. Le petit visage triste et lisse de Léora Barbara convenant parfaitement à cette enfant qui cherche seule une issue de secours à son destin. L’ambiance du café sonne parfaitement juste, Karine Rocher ayant d’ailleurs était serveuse dans une autre vie avant de jouer la mère de Stella. Le choix du père, Benjamin Biolay, peut surprendre mais lui aussi est crédible et cette fois, ses cheveux gras sont tout à fait à l’unisson du décor. Et c’est l’une des dernières fois où on pourra voir l’émouvante silhouette massive et claudicante de Guillaume Depardieu, décédé un mois avant la sortie du film.
Stella est un film juste sur l’enfance, aux images soignées. Si le ton général du film est parfois un peu dur et s’adresse d’abord aux adultes, on peut aller voir Stella avec des jeunes adolescents, à partir de 11/12 ans. Les collégiens qui vivent eux aussi des années difficiles, se retrouveront dans certaines situations ou verront celles auxquelles ils ont échappées !
Magali Van Reeth