de Michael Winterbottom
Royaume-Uni, 1h34, 2008.
Prix de la mise en scène au Festival de San Sebastian 2008.
Sortie en France le 15 avril 2009.
avec Colin Firth, Perla Haney-Jardine, Willa Holland, Catherine Keener, Hope Davis.
Après la mort accidentelle de sa femme, un homme part en Italie avec ses deux filles, faire son deuil sous d’autres cieux. Une nouvelle vie commence où il faut apprendre à la fois l’absence et la nouveauté.
Un accident de voiture banal, sur une route verglacée dans le Nord des Etats-Unis et toute une famille se trouve brisée à la mort de la mère. Joe, le père, qui est Anglais, décide d’accepter un poste à l’Université de Gènes et part avec ses deux filles en Europe. Marie a une dizaine d’année et Kelly est une jeune adolescente. Sous le soleil brûlant de l’été italien, une autre vie commence pour tous les trois. Pas tout à fait celle que chacun avait en tête. Kelly, encouragée par les jeunes « reggazzi » en scooter, s’absorbe dans la découverte des premiers émois amoureux et de l’indépendance. Marie visite des églises et découvre dans la religion des mots pour dire sa peine et répondre à ses interrogations sur la mort de sa mère. Quand à Joe, qui pensait avoir à consoler ses filles, il se retrouve surtout à avoir peur pour elles.
Filmant chaque scène presque en direct et avec un maximum de spontanéité, Michael Winterbottom propose un film fluide, où la lumière de l’été italien fait un contre-champ émouvant au désarroi des personnages. En peu de scènes, il campe l’ambiance de la ville. La noirceur presque effrayante du dédale des rues étroites du centre ville débouche sur l’infini aveuglant de la mer. Belle illustration des sentiments compliqués éprouvés par les trois personnages principaux, entre le vertige de la douleur et celui de la découverte d’un environnement radicalement différent. La direction d’acteurs est excellente. Il faut oublier le Colin Firth du Journal de Bridget Jones ou de Mama Mia ! et se laisser porter par le jeu pudique de cet acteur. Avec justesse et humanité, son visage montre à chaque instant la difficulté de faire le deuil, tout en essayant de redonner à sa famille l’envie de vivre normalement. Mais les deux jeunes actrices, Perla Haney-Jardine et Willa Holland sont aussi étonnantes de naturel et donnent à cette histoire complexe tout son dynamisme. Car au-delà du simple deuil, il y a aussi la découverte d’une autre vie, d’une autre langue et d’une autre culture. L’absence de la mère et le déménagement n’empêche pas Kelly de grandir ni de se disputer avec sa sœur. Les églises sont des lieux où on peut parler de la mort mais Marie découvre vite qu’une simple bougie ne peut remplacer l’absente.
Un été italien est un film simple et émouvant. Il évoque avec justesse le deuil. Et la vie qui peu à peu reprend le dessus, créant d’autres désordres et illustrant la nécessaire espérance du quotidien.
Magali Van Reeth