de Ron Howard
Etats-Unis, 2h29, 2009.
Sortie en France le 13 mai 2009.
avec Tom Hanks, Ewan McGregor, Ayelet Zurer, Stellan Skarsgard.
Un film d’enquête et d’action dans les décors époustouflants du Vatican, une occasion de rappeler que le cinéma, c’est aussi une industrie dont l’objet principal est de plaire à un maximum de spectateurs potentiels.
S’il y a trois ans, la sortie du film Da Vinci Code avait fait beaucoup de bruits dans les médias et dans certains milieux catholiques, bien avant la première projection d’ailleurs, ce nouveau volet du tandem Ron Howard/Tom Hanks arrive sur les écrans sans aucune polémique. L’Eglise catholique a sans doute d’autres problèmes à régler en 2009 et les producteurs du film ont tout fait pour apaiser les tensions. Si le scénario s’inspire toujours d’un roman de Dan Brown et fonctionne sur les mêmes bases (enquêtes, énigmes à résoudre, mélange de faits historiques et de pure fiction), on peut dire globalement que le film se veut plus consensuel mais qu’il est aussi plus réussi.
Bien évidemment, il y a dans Anges et démons des invraisemblances. Certaines n’ont rien à voir avec la religion ou l’Histoire. Par exemple, la gendarmerie du Vatican fait venir des Etats-Unis un chercheur spécialisé dans les confréries secrètes existant à la marge de la papauté aux 16ème et 17ème siècles, qui ne parle pas Italien et qui ne lit pas le latin ! Mais bon, on n’aurait pas eu Tom Hanks et ce serait bien dommage car depuis trois ans, il a pris le temps de mieux habiter son personnage et il est devenu plus à l’aise dans ce rôle d »érudit-détective ». Quelques archivistes s’étrangleront dans certaines scènes, de même que les spécialistes du protocole pontifical. Mais si on passe par-dessus ces petites tracasseries, on peut se laisser aller au rythme infernal d’un bon film d’action.
On appréciera les scènes de foules place Saint-Pierre ou dans le centre-ville de Rome, le crissement des voitures noires et brillantes de la police romaine entre deux visites d’églises et la jolie scientifique, Ayelet Zurer, indispensable pour rehausser le charme de l’Américain. On est bien d’accord pour reconnaître que le Vatican fait un sacré décor : l’immensité de la place Saint-Pierre et de son église, le rouge et le rose des prélats qui glissent sans bruit, mais dans une belle envolée de tissu sur les sols en marbre, les lignées de gardes suisses symétriques aux colonnes et aux statues, le rituel pour élire un nouveau pape et les fresques de la chapelle Sixtine, un régal pour les yeux !
Emporté par la magie de Rome et avec Tom Hanks pour guide, on le laisse démêler les intrigues touffues, et très dangereuses. Beaucoup de morts, mais on insiste pas trop et quand Tom Hanks est trop éclaboussé, on lui prête aussitôt un habit de prêtre. Au passage, on reconnaît que le réalisateur, beau joueur, sait manier l’humour pour désamorcer d’éventuelles polémiques avec les autorités religieuses ou historiques. Comme il nous berne plusieurs fois entre les méchants et les gentils, nous rappelant que nous avons tous en nous un côté ange et un côté démon. Bref, un agréable divertissement.
Magali Van Reeth