de Bruno Dumont
France, 1h45, 2009.
Prix de la Fipresci au Festival de Toronto 2009. Sélection officielle au Festival de San Sebastian 2009.
Sortie en France le 25 novembre 2009.
avec Julie Sokolowski, Karl Sarafidis.
Au cœur de la réalité du monde contemporain, un film qui questionne la foi et la quête de repères, à travers la rencontre d’une catholique et d’un musulman donnant deux versions très différentes de l’exaltation religieuse.
Les films de Bruno Dumont (La Vie de Jésus, L’Humanité, Flandres) sont des films âpres, où les paysages les plus anodins peuvent devenir terrifiants et où la lumière accompagne les déplacements des personnages comme la musique chez d’autres réalisateurs. Dans son univers dépouillé jusqu’au dénuement, la grâce et le sacré traversent des vies ordinaires dans un grand silence où les questions n’ont pas de réponse. Dans Hadewijch, les questions sont plus clairement posées mais c’est toujours au spectateur d’apporter les réponses ! Cette fois, la question de la foi, de la croyance en ce qui ne se montre pas, de l’amour divin sont abordées de front.
Céline, une jeune fille d’aujourd’hui, à la foi exaltée en Jésus Christ, se voit conseiller par les responsables du couvent où elle est novice de « retourner dans le monde pour y trouver une occasion de rencontrer Dieu, qu’on ne choisit pas ». Déçue, profondément dépitée et en manque d’amour, elle retrouve les richesses de la ville et la violence du monde. Perdue dans sa détresse, dans sa foi, dans sa quête d’amour et de reconnaissance, elle découvre le radicalisme de l’islam.
En tant que chrétiens, on est sensible à cette histoire d’une foi qui se cherche, et d’une jeunesse qui cherche Dieu dans un monde où l’invisible est de plus en plus remis en cause. On sourit de voir nos églises et monastères toujours en chantier, ou d’entendre un jeune musulman dire « Dieu est le plus manifeste lorsqu’il est le plus en retrait ». En tant que cinéphile, on apprécie aussi le travail minutieux du réalisateur lorsqu’il traite de l’absence, de l’adoration, de l’ardeur brûlante du manque d’amour à travers la lumière, la couleur, la musique. Les corps des acteurs disent une humanité en souffrance, les cadres ferment les certitudes et la vanité.
Mais on regrette un peu trop de caricature chez un réalisateur qui, dans ses précédents films, nous obligeaient à déchiffrer les images au-delà de nos habitudes, nos peurs et nos répulsions. Dans Hadewijch, la jeune mystique est trop souvent habillée en bleu, trop seule, trop ardente. Et les musulmans trop extrémistes, les riches trop riches, les campagnes trop vertes et les villes trop agressives.
Heureusement, un autre personnage, dont on ne dira rien ici, porte en lui tout le mystère d’une autre foi, celle qui permet à tout homme « de se rapprocher de Dieu sans se détacher du monde ». Un bâtisseur, un sauveur dans un monde où tant d’individus cherchent en vain, dans la destruction, dans la violence ou dans le dégout, un sens à leur vie.
Magali Van Reeth
Signis