de Francis Ford Coppola
Etats-Unis, 2h07, 2009.
Festival de Cannes 2009, Quinzaine des réalisateurs.
Sortie en France le 23 décembre 2009.
avec Vincent Gallo, Alden Ehrenreich, Maribal Verdu.
Les histoires de famille sont toujours douloureuses et les fuir en s’éloignant est souvent inutile, comme le montre, avec une puissance graphique remarquable, le dernier film de Francis Ford Coppola.
Dès les premières images, Tetro plonge le spectateur dans un univers particulier. Une image très graphique, en noir et blanc, un jeune homme en uniforme blanc qui marche dans la nuit noire d’une ville plutôt déserte, peu d’indication d’époque ou de lieu. La scène suivante nous introduit avec fracas dans l’intimité d’un homme en déséquilibre. Il marche avec des béquilles, il refuse de parler au visiteur. Tout le film tournera autour de cette idée de béquilles, quelles soient physiques (elles changeront d’ailleurs de bras) ou psychologiques. Tetro dit la souffrance de ces vies où, parce que les relations affectives sont en déséquilibre, chaque individu claudique dans son propre destin, en trouvant ou non les béquilles qui l’aideront néanmoins à avancer.
En toile de fond, il y aussi l’opéra avec ses livrets riches de la folie humaine et de l’exubérance de ses décors, le lyrisme de la musique et les retournements de situation si prévisibles ou si connus. La vie de Tetro, le personnage principal, est directement issue des thèmes principaux de l’opéra : passion violente, jalousie, culpabilité, affrontement entre père et fils, exil et tentation de l’oubli où les héros ne trouvent jamais le repos. L’acteur américain Vincent Gallo, ici plongé dans un pays d’Amérique latine, incarne avec fièvre l’intranquilité d’un homme broyé par son destin. Et la quête de son jeune frère qui lui, veut comprendre et aimer.
Malgré cet univers esthétique très personnel, le côté baroque de la narration et le jeu sans faille des trois acteurs principaux, on ne peut s’empêcher de penser que le film aurait gagné en intensité dramatique s’il s’était arrêté 20 minutes plus tôt, dans la scène où justement l’actrice espagnole Carmen Mauras regarde la caméra en disant « Coupez ! ». Clin d’œil d’un artiste confirmé à son public ? Comme pour lui dire : « Je fais encore comme je veux » et qui lui impose donc une fin à tiroir, elle aussi sur des béquilles, basculant entre le mélo, le romanesque, la presse à scandale C’est bien dommage, le final est ennuyeux et banal et cela gâche la bonne impression qu’on avait jusque là .
Magali Van Reeth
Signis