d’Anne Le Ny
France, 1h40, 2009.
Sortie en France le 31 mars 2010.
avec Michel Aumont, Fabrice Luchini, Karin Viard, Valérie Benguigui, Veronica Novak, Olivier Rabourdin.
Quand une famille – 3 générations confondues – s’apprête à accueillir des sans-papier, les réactions de chacun trahissent d’autres attentes et d’autres peurs. Une comédie savoureuse et pertinente.
Même si le nombre des divorces, naissances hors mariage, concubinages et séparations ne cesse d’augmenter dans nos sociétés occidentales, la famille est toujours aussi présente au cinéma. Avec délicatesse et humour, la réalisatrice Anne Le Ny nous le rappelle à travers le portrait d’une famille française ordinaire. L’ordinaire, en termes de famille, étant bien évidemment un catalogue de personnages et de rituels très particuliers mais où chacun reconnaîtra son père, sa sœur ou son dernier repas de famille.
Michel Aumont interprète un grand-père veuf qui, après une carrière de médecin, s’est lancé dans le soutien aux sans-papiers et annonce à ses enfants et petits-enfants qu’il va héberger une famille en difficulté dans son bel appartement parisien. Une belle pagaille s’installe, aussi bien dans l’appartement que dans la famille Mais, plus que le sort des immigrés, Les Invités de mon père s’attache à disséquer, avec beaucoup d’humour et de justesse, nos comportements face à ce que nous croyons être une menace.
Si Arnaud et Babette, déjà adultes et eux-mêmes parents, s’inquiètent légitimement pour leur père, peuvent-ils pour autant décider de ce qui est bon pour lui ? Jusqu’où peut aller la compassion et la générosité lorsqu’il faut vraiment partager au quotidien ?
Certes, Anne Le Ny se moque d’une certaine « gauche caviar », prompte à la générosité sans frontière et tous azimuts, en la mettant au pied du mur mais toujours sur le ton de la comédie. Elle le fait avec beaucoup de finesse et on réalise vite que le film soulève des problèmes plus épineux. Et se termine par un cas d’éthique : qui veut-on réellement protéger lorsqu’on protège nos vieux parents ? Et de quel danger ?
Dans la distribution, on retrouve avec bonheur Fabrice Luchini. Il avoue sa lassitude envers le cinéma, où jouer ne lui donne pas autant de satisfaction qu’au théâtre. Mais visiblement, il s’est beaucoup amusé avec Les Invités de mon père et transforme les traditionnelles rencontres, avec la presse et le public lors de la promotion du film, en un spectacle improvisé, tout en drôlerie et ironie, sur le monde du cinéma et les acteurs. A ses côtés dans le film, Karin Viard, comme apaisée par sa présence ou l’excellente direction d’acteurs d’Anne Le Ny, trouve un jeu plus limpide et plus touchant. Une comédie charmante, qui nous touche profondément parce qu’elle pose des questions fondamentales.
Magali Van Reeth
Signis