de Michael Whyte
Royaume-Uni, 1h45, 2009.
Grand prix du festival Religion Today 2010.
Sortie en France le 29 décembre 2010.
Documentaire
Au cœur de l’agitation du monde, le don de soi peut être encore d’une provocante actualité. Ce documentaire nous amène une année au carmel, à contempler le silence et la foi.
Notting Hill est un quartier très connu de Londres, célèbre pour son carnaval, son marché et une comédie à l’eau de rose, grand succès au cinéma. On remarque à peine les murs d’enceinte du couvent des carmélites qui existe là depuis 1878, protégé du brouhaha de la ville moderne. C’est cette présence silencieuse, presque irréelle qui a d’abord intrigué Michael Whyte.
Réalisateur de nombreux documentaires et téléfilms pour la télévision britannique, Michael Whyte choisit des sujets de société (anorexie, femmes battues, engagement politique) qui posent la question du vivre ensemble. Avec De Silence et d’amour, cette question prend une dimension surprenante puisque les personnages qui sont au cœur du film, sont retirés du monde, vivent la plupart du temps dans le silence et n’ont que très peu de contact avec l’extérieur. Michael Whyte : « En dehors de ma curiosité naturelle de cinéaste, j’étais très intrigué par le fait qu’il y avait là un ordre monastique fermé dans le coeur de Londres, qu’elles n’avaient jamais quitté le monastère, n’étaient jamais allées au cinéma, à des expositions, au théâtre ou à l’une des myriades de choses que Londres a à offrir, qu’elles n’écoutent pas la radio ni ne regardent la télévision. J’ai toujours été impressionné par les gens qui peuvent prendre un engagement, donc je voulais savoir ce qui pousse ces gens à se donner entièrement à ce mode de vie, à se consacrer à la prière et la contemplation avec la rigueur et la discipline de la vie monastique. »
Pour pénétrer avec sa caméra à l’intérieur du monastère de la Très-Sainte Trinité de Notting Hill, Michael Whyte a fait preuve de beaucoup de patience. Plusieurs années ont passées entre sa première demande et la réponse positive qui lui a permis, en 2008, de commencer à tourner. Une fois à l’intérieur, le réalisateur a du s’adapter au lieu, aux contraintes de l’emploi du temps, apprivoiser les religieuses pour à la fois trouver leur confiance et les images qui permettent à tous, croyants et non-croyants, de percer le mystère de cette vocation rigoureuse, de ce don de soi.
De Silence et d’amour est un documentaire qui donne à voir ce qui se cache sans pouvoir tout dévoiler, tout expliquer. Avec douceur et subtilité, il tente de cerner ce qui pousse des êtres ordinaires à consacrer leur vie à des notions qu’on pensait complètement dépassées au 21ème siècle : l’amour de Dieu, le renoncement aux plaisirs matériels de la vie ordinaire, la contemplation, le silence. Il insiste aussi sur cette confrontation avec soi-même que vivent les religieuses depuis de longues années, et que l’homme moderne élude sans cesse.
Les prières, l’architecture, les contraintes et répétitions de cette vie monastique alternent avec les temps communautaires, le travail et les commentaires de certaines religieuses. La lumière du lieu, qui est omniprésente à l’écran, et la foi des personnages, qu’on ne peut ni voir ni expliquer, se font sans cesse écho dans les images de Michael Whyte. L’ordinaire d’une vie réglée depuis des siècles, que rien ne semble déranger, la sérénité de ces femmes, leur humilité, sont autant de questions renvoyées au spectateur qui, lui, appartient forcément à l’intensité extérieure et habite un monde pauvre en certitude et où toute croyance est suspecte. Un temps de pause lumineux au cinéma.
De Silence et d’amour, en anglais No Greater Love, a obtenu le grand prix du dernier Festival Religion Today.
Magali Van Reeth
dossier de presse du film « De silence et d’Amour »