Haevnen/Revenge

de Susanne Bier

Danemark, 1h40, 2010.
Oscar du meilleur film étranger 2011.
Sortie en France le 16 mars 2011.

avec Markus Rygaard, William Jà¸hnk Nielsen, Mikael Persbrandt, Trine Dyrholm, Ulrich Thomsen.

Réflexions sur la violence contemporaine, à  travers le destin croisé de personnages qui évoluent dans un pays instable de l’Afrique de l’ouest et dans une société privilégiée de l’Europe du nord.

Si beaucoup de pays européens vivent depuis un demi-siècle à  l’écart des conflits armés, ils sont toujours confrontés à  une violence quotidienne. Violence à  l’école, dans les familles, au travail, dans les quartiers péri-urbains. La réalisatrice danoise Susanne Bier met en scène deux histoires de violence à  travers le personnage d’Anton, médecin dans une petite ville du Danemark.

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Anton est chirurgien et travaille dans un camp de réfugiés, qu’on image être au Soudan. Là , il est confronté à  la maladie, à  la souffrance et à  la misère les plus radicales. Obligé de faire des choix qui condamnent ou qui sauvent, il se heurte à  d’autres coutumes et une autre morale. Père de famille attentif, il est proche de ses deux garçons dont l’aîné, Elias, est le souffre douleur d’une bande de gamins de son collège. Lorsqu’un jour un nouvel élève devient son ami et tente de le défendre par la force, les choses dérapent.

La réalisatrice Susanne Bier explique son projet : « Le film explore les limites auxquelles nous nous heurtons, à  trop vouloir contrôler la société et nos vies personnelles. Il suscite une réflexion sur le fondement même de notre propre civilisation, dite « développée » et « avancée » : est-ce un modèle pour accéder à  un monde meilleur, ou engendre-t-elle sous la surface des comportements anarchiques, et partant, la confusion ? Est-on immunisé contre le chaos ? Ou sommes-nous sur le point de sombrer dans le désordre ? »

Les deux jeunes garçons qui interprètent Elias et son ami Christian, Markus Rygaard et William Jà¸hnk Nielsen sont remarquables de spontanéité. On adhère parfaitement à  la douleur muette de Christian, aux hésitations d’Elias, à  l’enchainement catastrophique de leurs décisions. Face à  eux, les acteurs adultes ont un jeu plus convenu.

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On peut trouver des longueurs au film, sans doute un manque de rythme dans l’articulation des deux histoires. Il est surtout regrettable que les questions morales soulevées par la décision d’Anton, prise en tant que médecin urgentiste d’une ONG dans un pays qui n’est pas le sien, ne soit pas mieux développée. On comprend bien que, voulant d’abord toucher un public européen, la réalisatrice centre le film sur les personnages occidentaux. Mais c’est vraiment dommage d’évacuer aussi rapidement la question culturelle après l’avoir apportée dans le film de façon si dramatique. Il y avait là  une question moins artificielle, moins romanesque et qu’il est nécessaire de débattre pour mieux comprendre la violence dans les pays que nous n’habitons pas. C’est bien la limite de ce film qui ne s’intéresse aux autres que pour nous parler de nous-mêmes

Magali Van Reeth

Signis

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