de Philippe Claudel
France, 2010, 1h45
Sortie en France le 30 mars 2011.
avec Stefano Accorsi, Neri Marcoré, Lisa Cipriani, Clotilde Coureau, Anouck Aimé.
Comédie ensoleillée, au cœur d’une ville très européenne, avec des personnages bigarrés et généreux, au son de la tarentelle, une mélodie traditionnelle italienne qui chasse la mélancolie ! Savoureux.
Ecrivain français réputé, Philippe Claudel touche un large public tout en maintenant une certaine exigence de qualité. Les Ames grises, prix Renaudot en 2003, a inspiré Yves Angelo pour le film éponyme. La Petite fille de monsieur Linh en 2005 a été un beau succès en librairie. Tout en continuant une carrière universitaire, il réalise Il y a longtemps que je t’aime dont il a écrit le scénario, prix œcuménique à Berlin en 2008 et près d’un million d’entrées en France. Ses trois carrières s’enrichissent, se nourrissent mutuellement et on retrouve, dans ce nouveau film, les thèmes chers à Philippe Claudel : l’attention aux autres, la province, le sens de l’amitié, les handicapés, les grandes tablées, les enfants asiatiques, les salles de cours, le bénévolat, la musique.
Alessandro, le personnage principal, enseigne la musique à l’université. Depuis la mort de sa femme, il n’a pas vu le temps passer. Il vit avec son frère, réfugié politique de l’ère Berlusconi, peintre refusant le monde marchand et fin cuisinier. Mais à 15 ans Irina, sa fille, a envie d’ouvrir grand les fenêtres de cette vie qu’elle trouve trop confinée et ne veut plus vivre à l’ombre de celle dont elle n’a aucun souvenir. Sur un ton léger, Tous les soleils parle de sujets graves, comme le deuil, les occasions manquées et les souvenirs douloureux qui nous hantent.
Le film est tourné à Strasbourg, une ville à la beauté protéiforme où on entend parler toutes les langues européennes au quotidien. Tous les personnages sont ancrés dans la vie ordinaire et nous laissent le temps de cheminer avec eux. Il y a beaucoup de gentillesse et de solidarité chez eux. La musique est celle de la tarentelle, musique traditionnelle italienne, censée guérir des piqûres d’araignées, calmer les anxieux et chasser la mélancolie Certains pourront reprocher à Tous les soleils, une certaine naïveté, trop de douceur, trop de « bons sentiments ». Philippe Claudel : « la matière première de mes films et de mes livres, c’est l’humain. Il y a des gens qui s’impliquent, qui aiment donner. Moi j’aime les bons sentiments. »
Et pour, le réalisateur, le film est même un film politique puisque, au-delà du personnage militant et anti-berlusconni, on voit des gens qui lisent, écoutent de la musique, s’investissent dans le bénévolat ou une activité artistique, et célèbrent les plaisirs de l’amitié et du bon vin. Tous les soleils réunit des acteurs italiens et français et on passe avec bonheur d’une langue à l’autre, sans oublier de pimenter avec un peu d’alsacien. De petits rôles sont confiés à Clotide Coureau et à Anouk Aimé et c’est là encore, un des beaux cadeaux que nous fait Philippe Claudel.
Magali Van Reeth
Signis