Les Célestins ouvrent bientôt leurs portes du 21 octobre au 9 novembre. la dimension internationale des théâtres résistants en quelque sorte un Théâtre des Nations en liberté ,sans interdit .
Claudia Stavisky a fait des Célestins , retrouvant une ancienne tradition, un « théâtre d’art »,laissant au théâtre « Tête d’ Or » l’accueil du Boulevard .Grâce lui soit rendue, d’autant que le prix des places ,encore élevé ,est adapté pour les jeunes spectateurs.
Elle nous convie depuis 1996,à la rencontre avec un jeune dramaturge allemand, né en 1967,(La femme d’avant,Push Up)et cette année la reprise du « Dragon d’or »,monté l’an dernier »et avec en duo cette année : « Une nuit arabe »,avec la même installation scénique verticale :une structure métallique tournante représentant trois étages d’un immeuble HLM de banlieue, où se jouent des vies parallèles ,à cinq personnages, qui se rencontrent à l’occasion de petits malheurs de la vie domestique :une fuite d’eau qui les prive en même temps de l’eau « courante »,dans la chaleur du mois de juin, un ascenseur en panne, une porte bloquée, mobilisent les habitants .En même temps ,ces contraintes extérieures libèrent chez chacun une vie fantasmatique qui fait se superposer le monde des contes des Mille et une Nuits, à la banalité d’un cadre quotidien ,fixé et répétitif, devenu carcéral, et que l’on pourrait croire emprunté à l’univers de la bande dessinée, même si c’est le plus souvent avec le cinéma que la comparaison est faite, pour insister sur la grande mobilité du récit ,faisant fi du temps et de l’espace ,laissant au spectateur le soin de laisser flotter les images suggérées dans son propre imaginaire. Le texte est éclaté entre le langage automatique de la vie relationnelle ,les « bulles » où s’inscrit le monologue de la vie intérieure, et les didascalies, qui permettent aux acteurs d’évoluer dans cet univers transparent ,qui est par ailleurs un modèle d’incommunicabilité paradoxale etordinaire .Le spectateur est obligé de prendre de la distance ,pris entre deux mondes ,celui du réel et du rêve ,qui dans la semi-conscience fait figure de virtuel.Ces tranches de vie qui évoquent autant le Pérec de « La vie mode d’emploi », que « Short Cuts » de Robert Altman, sont parfaitement rendues par la mise en scène, dans le même décor que « Le Dragon d’Or », de Claudia Stavisky ,qui sert parfaitement bien cette écriture théâtrale qu’il est intéressant de découvrir car très actuelle, où elle a su faire évoluer de jeunes acteurs ,dont plusieurs se sont formés à l’ENSATT. Il me semble que Copi,mis en scène par Alfredo Arias,ou Claire Brétécher par Daniel Bénouin nous avaient préparés à cette approche.
Les Célestins ouvrent bientôt leur porte du 21 octobre au 9 novembre la dimension internationale des théâtres résistants ,en quelque sorte un Théâtre des Nations en liberté ,sans interdit .
La manifestation ,intitulée justement « Sens interdit »et partagée avec d’autres lieux de spectacle mérite sûrement le détour.
Hugues Rousset
http://www.theatre-contemporain.net/spectacles/Une-nuit-arabe-5200/ensavoirplus/