d’Ismaël Ferroukhi
France, 1h39, 2010.
Festival de Cannes 2011, séance spéciale.
Sortie en France le 28 septembre 2011.
avec Tahar Rahim, Michael Lonsdale.
Paris 1942. Les hommes libres sont ceux qui prennent leur destin en main pour changer la société dans laquelle ils vivent. Tout le monde peut participer, au-delà des divergences religieuses ou culturelles.
Si on a vu beaucoup de films sur la Seconde guerre mondiale en France, celui-ci en aborde un aspect tout à fait nouveau. Il évoque cette communauté de travailleurs immigrés, musulmans et en situation très précaire qui, au-delà de leurs différences, ont sauvé des juifs.
En 1942, la France est occupée par les Allemands et l’Algérie par les Français. De nombreux travailleurs immigrés sont ouvriers dans les usines de la région parisienne. Ils sont majoritairement Kabyles, musulmans et souvent analphabètes. Sur le territoire de la métropole, ils ne sont ni Français ni étrangers. Un statut d’hommes « invisibles ». Mais au contact de leurs camarades de travail, ils vont découvrir le syndicalisme, l’organisation politique et les techniques de résistance, tout en apprenant à lire et à écrire. Si pour certains d’eux, cette guerre n’était « pas la leur », d’autres ont rejoint la Résistance et d’autres encore ont payé de leur vie leurs actions.
Basé sur des fais réels et écrit avec l’aide de l’historien Benjamin Stora, Les Hommes libres se déroule essentiellement à la grande mosquée de Paris. Son recteur, Si Kaddour Ben Ghabrit, profite de ses bonnes relations avec le gouvernement de Vichy et l’occupant allemand pour aider des indépendantistes algériens et cacher des juifs. Autour de lui, tout une galerie de personnages. Younes, un jeune homme sans scrupule et sans morale, fait du marché noir et collabore avec la police avant de prendre peu à peu conscience des véritables enjeux de cette époque. Salim Hallali est chanteur et ne vit que pour son art mais, bien que de langue et de culture arabes, il est juif. Et autour d’eux, ceux qui préparent déjà la guerre d’Algérie, ceux qui vivent dans la misère des bidonvilles, les traitres et les martyrs.
Ismaël Ferroukhi, réalisateur français d’origine marocaine, a privilégié la rigueur historique au tourbillon de la fiction dramatique. Très respectueux de son sujet, le film manque parfois un peu de souffle et l’émotion est tenue à distance. Mais c’est un film nécessaire où les acteurs ont été choisi avec soin. Le personnage de Younes, interprété par Tahar Rahim, décrit avec subtilité cet éveil à une conscience politique et sociale, un parcours toujours d’actualité dans notre époque où l’intolérance semble parfois trop présente. Pour les mêmes raisons, on apprécie cette vision d’un islam généreux qui accepte les non-religieux, les artistes et les contestataires dans ses rangs. Bien évidemment, Michael Lonsdale est parfait en recteur de la mosquée de Paris !