d’Aki Kaurismaki
Finlande/Allemagne/France, 1h33, 2011.
Festival de Cannes 2011, du prix du jury œcuménique, mention spéciale.
Sortie en France le 21 décembre 2011.
avec André Wilms, Katy Outinen, Jean-Pierre Léaud, Jean-Pierre Daroussin, Blondin Miguel.
Lorsque le célèbre réalisateur finnois s’installe en France le temps d’un film, il reconnait ce qui convient le mieux à son univers. Et y trouve une touche de mélancolie joyeuse et pleine de charme.
A voir la ville du Havre, construite par l’architecte Auguste Perret à la fin de la Seconde guerre mondiale, à travers le regard d’Aki Kaurismaki, on réalise à quel point c’est une évidence ! Une connivence idéale entre un réalisateur finnois à l’humour froid, la tendresse réservée, la beauté austère, l’élégance rare et sans effet de manche, et une ville construite comme un défi aux destructions antérieures, pour que les habitants y soient simplement heureux au quotidien.
Pour parfaire le tableau, Aki Kaurismaki choisit les acteurs français qui s’intègrent le mieux à son univers. Jean-Pierre Léaud avec qui il avait déjà tourné ; André Wilms, au physique et au jeu si « kaurismakien » et Jean-Pierre Daroussin, dans le rôle du méchant qui n’arrive pas à être vraiment méchant. Katy Outinen a fait le voyage de Finlande mais passe plus de temps à l’hôpital qu’à faire la soupe à son mari.
On retrouve les thèmes habituels de Kaurismaki, où il installe ses personnages aux limites de la ville et du temps, brouillant ainsi les réels questionnements de société dans la fiction la plus pure. C’est la France d’aujourd’hui avec le problème des sans-papier dans une ville portuaire mais les cafés sont d’une époque révolue, comme les marchands de quatre-saisons et les cireurs de chaussures viennent d’un autre univers. Le réalisateur s’amuse visiblement et les clins d’œil sont nombreux, comme celui fait au réalisateur tchadien, Mahamat Saleh Haroun. Et va jusqu’au miracle pour parfaire ce conte doucement joyeux, moderne et savoureux.