De quoi s’agit-il ?
d’un texte très fort de Dostoïevski, du chapitre 5 des « Frères Karamazov »,et où Ivan ,l’athée expose à Aliocha, son frère religieux, le drame de la condition humaine qui est au centre du questionnement angoissé de Dostoïevski :le malheur de l’homme repose sur sa liberté .Il est tiraillé entre le bien et le mal. Pourquoi le Christ n’a-t-il pas pour le bonheur de l’homme cédé aux trois tentations de Satan ,dans le désert ,en lui apportant nourriture, éclaircissement du mystère de la vie ,et autorité pour le guider ! Face aux drames de l’humanité soumise au Mal, la réponse du Christ : »Mon Royaume n’est pas de ce monde » laisse la place aux faux prophètes , qui ,tout en prenant l’habit de la religion, serviront justement le diable ,en instituant une autorité « totalitaire » ,par la manipulation des hommes ,qui privés de leur liberté et de leur angoisse existentielle « mourront paisiblement ,et ne trouveront dans l’au-delà que la mort » .Pour illustrer son propos ,Ivan choisit de rapporter ,sous forme d’un conte philosophique, d’un poème, la Légende du Grand Inquisiteur .Nous sommes à Séville ,au 16ème siècle ,et alors que le Cardinal multiplie les bûchers pour les « hérétiques »,le Christ revient sur terre ,se mêle à la foule plein de tendresse et de compassion. Il est rapidement arrêté et mis en prison ,avec face au silence du Christ les invectives du Cardinal : »Pourquoi es-tu venu nous déranger ? ». Hugues Rousset En savoir plus :[-> http://www.clochardscelestes.com/]
Texte très fort ,mais aussi très beau ,dans une traduction d’André Marckiewitz , adaptée pour un seul personnage en scène ,avec un prologue qui a des accents rimbaldiens. Une mise en scène très sobre au service du texte ,signée Thierry Jolivet et où le souffle d’Artaud est perceptible au début .Un personnage unique sur scène ,qui porte le récit ,avec une immobilité contenue qui laisse place à l’imagination de chacun qui peut s’accrocher à la fois à une composition qui rappelle la création blasphématoire de Damien Hirst qui a fait couler beaucoup d’encre ,et une statue de la Vierge ,on ne peut plus classique .Le Christ de dos, muet est représentée par une comédienne .Chacun peut y aller de son interprétation
Au total ,un spectacle d’une grande actualité ,parce que justement prenant appui sur une interrogation vieille comme le monde ,reprise par Camus dans son discours pour le Prix Nobel ,et que chacun ,comme le poète Rictus ,dans les « Soliloques du Pauvre »,a si bien formulé : »Si qu’y reviendrait , le trimardeur cananèen, dis, si qu’y reviendrait »
Le Grand Inquisiteur au théâtre des clochards célestes
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