de Jacques Maillot
France, 2012, 1h38
Sortie en France le 22 février 2012.
avec Daniel Auteuil, Yann Tregouet, Maud Wyler, Carole Frank.
A travers le parcours tragique d’un chef d’entreprise pour sauver son outil de travail, une réflexion sans concession sur la responsabilité de tous face à l’enchainement implacable de la faillite d’un rêve.
Réalisateur discret, tant dans les médias que dans son travail, Jacques Maillot n’essaye jamais de séduire le spectateur en le rassurant ou en le réconfortant dans ses certitudes béates. Dans Nos Vies heureuses (1999) et Les Liens du sang (2008), le propos dénonçait le titre : nos vies ne sont pas si heureuses et les liens du sang parfois distendus. Et La Mer à boire laisse un goût très amer
Alors que de nombreux films récents, qui parlent de la crise financière, donnent néanmoins une lueur d’espérance, notamment à travers la solidarité ou la chance, Jacques Maillot donne vraiment la mer à boire à son personnage principal. Georges Pierret est à la tête d’un chantier naval qui construit depuis des années de petits bateaux de plaisance de qualité. Attaché à son entreprise, il aime son métier, ses collaborateurs, le travail bien fait jusque dans les moindres détails.
Cette fois, l’ennemi n’est pas un monstre lointain et sans visage, un triple A anonyme, un consortium de banques, la crise mondiale dont tout le monde parle mais que personne ne peut appréhender. Dans La Mer à boire, ce qui fait chuter Georges Pierret, c’est certes un concours de circonstances lié à un contexte économique international, mais c’est aussi une succession de mauvais gestes posés par des gens en chair et en os. Comme si par là Jacques Maillot voulait nous dire que nous sommes tous responsables, à notre niveau, de certains désastres
Leçon à la fois terrible et revigorante, puisque sous les dehors un peu outranciers de la fin du film, la culpabilité nous éclabousse. L’amer est dur à boire ! Mais il est bon qu’un cinéaste nous bouscule par un film assez radical. Autre qualité, le film est porté par Daniel Auteuil. Il incarne à merveille cet homme à la fois chaleureux et taiseux, énergique dans son quotidien et triste au fond de lui. Capable de tout pour sauver sa dignité et celles de ceux qui travaillent avec lui. Quitte à commettre l’irréparable lorsqu’il n’y a plus de solution.