de Xavier Dolan
Canada/France, 2012, 2h39
Festival de Cannes 2012, sélection Un Certain Regard
Sortie en France le 18 juillet 2012.
avec Suzanne Clément, Melvil Poupaud, Nathalie Baye.
Une histoire d’amour flamboyante et inhabituelle, pour un beau moment de cinéma, malgré les faiblesses d’un scénario moins provoquant que son sujet.
Film fleuve et exubérant sur la forme, déroutant par son sujet, Laurence Anyways est le 3ème long métrage d’un très jeune réalisateur canadien, Xavier Dolan. Fred et Laurence, un peu bohèmes, un peu fantasques, forment un couple depuis quelques années et sont très heureux. Fred, c’est elle, Laurence, c’est lui Le couple voit sa belle harmonie voler en éclat lorsque brusquement Laurence décide de devenir une femme.
Au-delà d’un réel questionnement sur le genre – sujet très contemporain – le film est avant tout du cinéma brillant, inventif, où de nombreux plans semblent au bord de l’explosion tant ils éprouvent le côté créatif du cinéma. La mise en scène est un régal, jusque dans les costumes, le choix des décors. C’est un film lyrique qui touche le spectateur par les émotions, les sens et l’abondance. Les acteurs se donnent à fond et la comédienne québécoise Suzanne Clément est magnifique. Enfin, la musique est un vrai festival
Pourtant, au-delà de ce très vif plaisir de cinéma, le film boîte un peu à cause du scénario. Sans doute un peu trop étiré (le film dure plus de deux heures et demie), Laurence Anyways n’arrive pas à convaincre. Si dès les premiers scènes, Proust, Mauriac et Céline sont convoqués, ils disparaissent ensuite si totalement qu’on se demande s’ils n’étaient pas juste là pour la poudre aux yeux. L’histoire d’amour entre Laurence et Fred est touchante, on y croit mais la décision de changement de sexe de Laurence est plus difficile à accepter. Pourquoi le réalisateur n’arrive pas à nous convaincre ? Peut être parce qu’on voit toujours Melvil Poupaud derrière le visage de Laurence (qui n’arrive pas de toute façon à porter le tailleur/collier de perles avec naturel). Peut être parce que le film n’est au fond qu’une douloureuse histoire d’amour, déguisée comme Laurence, où la question de la sexualité n’est jamais abordée. Ce qui est bien étrange quand on parle d’amour conjugal…
Xavier Dolan confirme cependant son grand talent de cinéaste et on attend avec impatience son prochain long métrage, en espérant que cette fois, le scénario sera à la hauteur de la réalisation.