Superstar

de Xavier Giannoli

France, 2012, 1h52

Sortie en France le 29 août 2012.

avec Kad Merad, Cécile de France.

Comédie un brin amère sur les ravages d’une célébrité aussi soudaine que superficielle, et qui dénonce autant les médias que leurs utilisateurs.

Adapté du roman L’Idole de Serge Joncour, paru en 2004, Superstar raconte les déboires d’un type on ne peut plus ordinaire qui fait soudain la Une des médias. Les médias classiques comme la bonne veille télé des familles, comme ce qu’on appelle « les réseaux sociaux ». C’est-à -dire un ensemble d’outils de communication liés aux technologies contemporaines (internet, téléphone portable, photo numérique) permettant de propager les bonnes nouvelles comme les mauvaises, à  une vitesse étonnante.

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Martin Kazinski, ouvrier peu qualifié d’une usine de recyclage, est finement interprété par Kad Merad. Il promène gauchement sa silhouette de Français moyen, et sa tête d’oisillon sorti trop tôt du nid, dans un univers complètement coupé de sa réalité. Si Martin ne connaît pas le monde de la télé et de la toile, il est vite pris en main par des professionnels de la communication. Eux savent parfaitement ce qu’attend le grand public et ils ont bien l’intention d’exploiter le filon avant qu’il ne s’épuise.

Le film dissèque parfaitement les quelques jours et les non-évenements où la rumeur enfle, est parfaitement exploitée, avant de retomber aussi soudainement et illogiquement qu’elle est née. Superstar est un beau cas d’école pour qui travaille, de près ou de loin dans la communication. Les animateurs et producteurs d’émission de télévision (Cécile de France et Louis-Do de Lencquesaing, parfaits) sont croqués avec ce qu’il faut d’ironie et de justesse. La scène du passage à  la télé est un régal, y compris ces mots ordinaires qui deviennent une insulte dans une société où tout le monde préfère le rôle de la victime. Les réactions de cette masse inconnue et omniprésente des auditeurs, réclamant toujours plus de divertissement, de facilité, de sensationnel, sont scientifiquement cernées. On brûle toujours les idoles adorées hier.

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Dans ce portrait acide de l’univers des médias et de leurs publics, tout le monde a sa part de responsabilité et le rire est souvent teinté de noirceur : nous sommes tous des téléspectateurs, des consommateurs de journaux à  scandale, des incrédules devant la magie de la toile, prêts à  quitter la banalité de notre vie pour une minute de gloire à  la télé. Puisse Superstar, en nous le rappelant d’une si drôle de façon, réveiller le bon sens qui dort encore, espérons le, dans cette masse insaisissable qu’est le grand public

Magali Van Reeth

Signis

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