de Stéphane Cazes
France, 2012, 1h35
Sortie en France le 12 septembre 2012.
avec Mélanie Thierry, Nathalie Becue.
Un film émouvant sur ces femmes qui accouchent et élèvent leur enfant en prison, dans un univers extrêmement violent, dont il est difficile de s’extraire.
Pour son premier film, le jeune réalisateur français Stéphane Cazes n’a pas choisi la facilité. Parler des femmes qui accouchent en prison et y vivent avec leur enfant pendant quelques mois est un sujet dramatique en soi mais qui ne fait sans doute pas rêver le grand public.
L’actrice Mélanie Thierry interprète Ombline. Cette jeune femme, dont le père est lui-même en prison et qui vient d’un milieu instable, cache derrière la transparence de son visage un tumulte intérieur proche du chaos. Dans son monde, les repères et les codes ne sont pas les mêmes que ceux « des gens riches » et on comprend vite pourquoi, une fois qu’on est entré en prison, le cercle devient vicieux. Il faut une énergie hors du commun pour s’extraire de cet environnement, de la violence quotidienne reçue et donnée.
En dépit des maladresses dans la réalisation, Stéphane Cazes dresse un portrait réussi de ces femmes d’un autre monde qui, entre naïveté, révolte, espérance et désespoir, s’accrochent à leur enfant pour trouver une raison de vivre. L’univers de la prison est montré avec beaucoup de réalisme, peut être un peu trop au détriment de la fiction. Mais on comprend vite que chaque instant est un combat, autant pour les détenues que pour les surveillantes et les représentants de la justice. La seule générosité vient des intervenants bénévoles, ceux qui sont là « juste parce qu’ils aiment rendre service », au grand étonnement d’Ombline. C’est à travers la maternité qu’elle découvrira et comprendra le don de soi.
La dureté du parcours de la jeune femme pour éviter de sombrer, et de faire sombrer son fils avec elle, est poignante. Aussi la fin, un peu trop naïve, si elle permet à certains spectateurs de sortir plus apaisés de la projection, est peu crédible. Mais Ombline reste cependant un film courageux et inhabituel et, parce qu’il est par moment très proche du documentaire, nécessaire pour mieux comprendre le comportement de tous ceux qui sont incarcérés ou qui travaillent avec les détenus.