Elefante blanco

de Pablo Trapero

Espagne/Argentine, 2012, 1h50

Festival de Cannes 2012, sélection Un Certain Regard.

Sortie en France le 20 février 2013.

avec Ricardo Darin, Jérémie Régnier, Martina Gusman.

Dans le chaos d’un bidonville, 2 prêtres partagent le quotidien d’une population d’exclus. Un ministère aussi physique que spirituel, et une incarnation très actuelle de l’engagement.

Ces dernières années, l’Argentine est devenue un pays très dynamique dans la production cinématographique mondiale. De grands films et de nombreux cinéastes ont imposé leur marque au niveau international, dont Juan Jose Campanella, Lucrecia Martel, Carlos Sorin. Et Pablo Trapero dont le 7ème long métrage, en sélection au Festival de Cannes dans la section Un Certain Regard, est largement distribué en Europe. Profondément marqué par la dictature militaire, ces réalisateurs ont su affronter leur histoire. Ils ont aussi à  cœur de traiter les sujets de société.20082878.jpg

Elefante blanco se déroule dans le bidonville de la Vierge en banlieue de Buenos Aires. Cet « élephant blanc » est un hôpital dont la construction provoque des magouilles et des frustrations en cascade. Le père Julià¡n travaille depuis des années à  en soutenir la construction. Il est proche du mouvement des Prêtres pour le tiers-monde et marqué par la théorie de la libération des années 1970. Il accueille un prêtre plus jeune, Nicolas, européen et missionnaire, et lui fait découvrir l’univers particuliers des bidonvilles et de la politique argentine.

A travers ces deux prêtres et Luciana, une jeune éducatrice, très proches des habitants du bidonville, c’est de l’engagement dont il est question. Qu’il soit politique, humanitaire ou professionnel, cet engagement les amène à  partager au plus près la souffrance et l’exclusion dont sont victimes la plupart de leurs voisins. Ils ressentent aussi de plein fouet la violence de la corruption, des clans armés et des revendeurs de drogue. Face à  l’éloignement ou l’indifférence du pouvoir politique et des institutions cléricales ou religieuses, ils travaillent néanmoins avec un bel enthousiasme à  changer le monde.20082875.jpg

Repoussant le misérabilisme ou l’approche strictement documentaire, Pablo Trapero construit des personnages à  la fois romanesques et crédibles, de véritables héros des temps actuels, avec leur part de faiblesse, de doutes et de détermination. Julian et Nicolas assument jusqu’au bout leur sacerdoce auprès des plus pauvres, deux belles figures de prêtres pour une même incarnation de l’engagement. Le père Julià¡n est interprété par le célèbre acteur argentin Ricardo Darin (Les Neufs reines, Carancho, Dans ses yeux) et le père Nicolas par Jérémie Régnier qui, juste après avoir joué le rôle du chanteur Claude François dans Cloclo, montre ainsi l’étendue de son talent.

Magali Van Reeth

Signis

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