Chroniques cinéma de Marie-Noëlle Gougeon
Semaine du 26 Novembre au 3 décembre
Film de Michel Hazanavicius avec Bérénice Béjo, Annette Bening, Abdul Khalim Mamatsulev (2014 2h14).
Le film se déroule pendant la seconde guerre de Tchétchénie en 1999. Il fait se croiser le destin de quatre personnages. Carole, déléguée de l’Union Européenne en mission pour la commission des Droits de l’homme. Kolia, jeune soldat russe enrôlé dans l’armée. Hadji, petit garçon recueilli par la jeune femme alors qu’il vient de perdre ses parents assassinés par des soldats russes et qu’il s’est enfui de la maison. Enfin, Raissa sa grande sœur rescapée du massacre familial avec son plus jeune frère (un bébé) parti à sa recherche.
Le conflit tchétchène a été oublié des médias et difficilement couvert. Les ONG n’ont pourtant pas manqué de rédiger des rapports, de tenter d’alarmer le Parlement Européen, l’ONU sur les exactions de l’armée russe et la compromission du pouvoir tchéchène. En vain..
Michel Hazanavicius souhaitait par ce film rappeler ce conflit entre Moscou et la Tchétchénie, évoquer le sort de milliers d’habitants terrorisés, affamés, déplacés.
Si le propos est louable et est en partie honoré car il permet de se replonger et d’essayer de comprendre les enjeux de cette guerre, on ne peut pas dire que le film nous y aide vraiment.
« The Search » suit en montage parallèle l’histoire de Kolia, le jeune soldat russe dans de longues séquences de brimades autant violentes que gratuites, éprouvantes à suivre. Et en même temps le périple de Hadji, le jeune garçon rendu muet par le choc de la mort de ses parents, recueilli par Carole et sa lente remontée vers une vie plus humaine.
C’est un défilé de séquences certes représentant bien la réalité d’alors, mais inopérant sur la compréhension des causes du conflit, l’apathie des gouvernements, le quasi silence des médias et la réalité aujourd’hui de la Tchétchénie.
Michel Hazanavicius n’ pas su choisir un vrai et beau sujet. L’histoire du garçonnet à la recherche de sa sœur, magnifiquement interprété par un jeune tchétchène aurait amplement suffi à montrer les ravages d’une guerre, et la lente résilience opérée par l’enfant.
Le spectateur est balloté entre plusieurs sujets, plusieurs lieux, plusieurs histoires sans avoir le temps de saisir les propos du réalisateur, de comprendre le sens qu’il veut donner à tout çà .
Il reste des personnages perdus au milieu de centaines de figurants, de paysages désolés, de violences de guerre. Cela ne fait pas un film !