de Ioanis Nuguet
avec Cassandra Dumitru, Spartacus Ursu et Camille Brisson.
Film français 2015 1H20.
Deux enfants roms face à leur destin : rester avec la famille ou choisir leur propre vie..
Spartacus et Cassandra sont deux adolescents s roms qui vivent ou plutôt survivent dans un bidonville en Seine St Denis. Le juge aux affaires familiales a retiré au père violent et alcoolique le droit de les garder. La mère maladive est à la dérive même si elle aime profondément ses enfants. Quel dilemme pour Spartacus et Cassandra qui ont envie comme tous les ados de leur âge d’un peu de stabilité, d’attention, de loisirs
Ils vont bien à l’école mais par intermittence et n’arrivent pas à s’intégrer durablement. Seul havre de paix, ce chapiteau en bois, construit par Camille, une trapéziste. Un chapiteau-cour des miracles : On vient y faire du trapèze, rire et chanter, chahuter, être un gosse tout simplement.
Le père ne se résout pas à ne plus voir ses enfants, bien ô combien précieux dans la culture rom. La sédentarité non plus ne lui convient pas. Ce qu’il veut, c’est un terrain pour y planter sa caravane et récupérer ses enfants.
Mais ses enfants hésitent : comment choisir entre leur famille, lien ancestral de la culture rom, et l’émancipation que leur offre Camille, avec éducation et règles de vie.
C’est pourtant cette dernière option qu’ils choisiront non sans déchirement. Partis avec la jeune femme en Dordogne, loin de leurs parents, ils vont faire l’expérience de leurs propres désirs, le bonheur d’habiter une maison simple mais propre, des occupations « d’enfants » au lieu de la mendicité qu’ils avaient connue à Paris.
«Spartacus et Cassandra » est filmé à hauteur des yeux des enfants : la caméra suit leur regard qui filtre la réalité : là c’est une descente de police, ici, un moment à l’école, ailleurs la violence des rapports entre Spartacus et son père. On sent le gamin déchiré : l’adulte c’est lui, qui doit prendre en mains sa vie, son père en est incapable. «Mais c’est toi mon père, c’est toi qui sait » lui crie-t-il les larmes aux yeux, anéanti
Le film regorge de moments baroques, faits d’élans de tendresse et de brusquerie. A tout moment, tout peut basculer. Et l’on comprend à quel point ces personnes ayant fui leur pays car on ne veut plus d’eux, vivent l’errance au plus profond d’eux même. Ils sont les enfants du provisoire et du voyage.
Voilà un film plein de vie mais grave, qui montre deux enfants face à leur destin. Aujourd’hui Spartacus et Cassandra vont régulièrement à l’école et viennent témoigner à la fin du film lorsque celui-ci projeté avant une discussion. Visiblement ils sont réussi leur émancipation. Le film est soutenu par Amnesty International.