de Hirokazu Koreeda
avec Haruta Ayase, Masami Nagasawa
Drame japonais. (2014). (2h07).
Un enchantement des yeux et de l’esprit que ce voyage intérieur de trois jeunes femmes et de leur « petite sœur » à l’issue du deuil de leur père. Un film heureux sur le temps du deuil, la transmission, le pardon
C’est une histoire de fratrie au fémininTrois sœurs, Sachi, Yoshino et Chika, vivent ensemble à Kamakura au Japon, au bord de l’océan. Elles se rendent à l’enterrement de leur père, qui les avait abandonnées une quinzaine d’années auparavant. Elles rencontrent pour la 1ère fois leur « petite sœur », Suzu, âgée de 14 ans. Celle-ci se sent rejetée par la nouvelle épouse de son père et préfère partir avec ses trois demi-sœurs qu’elle ne connaît pas.
Ce «quatuor recomposé » va se découvrir dans la grande maison familiale traditionnelle et revisiter leur histoire familiale que chacune vit et a vécu différemment.
Est-ce la magie du Japon, la délicatesse des comédiennes, la finesse des observations du réalisateur mais « Notre petite sœur » se révèle être un poème très doux, très bienfaisant sur cette période du deuil d’un parent qui redéfinit les places de chacun, qui permet de revenir sur cette histoire filiale avec celui ou celle qui est partie.
La psychologie de chaque sœur est intelligemment décrite : Sachi ,«grande sœur », a endossé le rôle de la protectrice et du maintien du lien avec la maison de famille. Yoshimo, la wonderwoman a du mal à garder une relation amoureuse. Chika la rigolote, prend la vie du bon côté : tout semble glisser sur elle. Quant à Suzu, la « petite sœur » elle symbolise celle qui est venue « après », à l’issue de l’infidélité de leur père. Elle ne trouve sa place nulle part
La mère des trois filles est partie lorsqu’elle a appris le départ de son mari pour une autre femme. A l’occasion d’une cérémonie du souvenir (les Japonais honorent beaucoup le culte des morts) elle revoie ses filles. Maladroite, elle se heurte une fois de plus à son aînée. Mais on sent que son cœur est prêt à nouveau à leur prodiguer son affection. Avant de repartir dans sa ville, elle leur offre des présents ainsi qu’à la « petite sœur ». Des mots de pardon peuvent être dits enfin entre la mère et sa fille. Même Suzu demande pardon à ses trois demi-soeurs pour le mal que leur a fait sa mère en vivant avec leur père
Koreeda nous offre de belles pages sur le lien qui nous relie au passé, le souvenir des paysages, de la bonne cuisine des grands-mères que l’on retrouve et que l’on transmet.
Grâce à ces souvenirs retrouvés et redonnés, chacune des femmes arrive enfin à prendre la place qui lui revient. Le film n’est qu’un long cheminement intérieur et un déplacement de la posture que chacune occupait avec parfois quelque rigidité.
Après cet épisode de deuil traversé, évoqué, ritualisé, la vie enfin peut reprendre son fil.
Koreeda sait magnifiquement filmer ces paysages et ces villes japonaises : on y sent la vie quotidienne traversée de trains de banlieue, de cérémonies du thé, de ballades en bords de mer, de fêtes traditionnelles en kimono d’été. La promenade sous un « tunnel de cerisiers » est un vrai moment de grâce
Les comédiennes ont la délicatesse et la finesse qui sied à leurs personnages. Elles enchantent le regard et le cœur
http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19552040&cfilm=236040.html