Chronique cinéma – Ce sentiment de l’été

de Mikhaël Hers
avec Anders Danielsenlie, Judith Chemla, Marie Rivière.
Drame (2016) Film allemand. 1h46.

L’épreuve du deuil à  traverser donne à  Ce sentiment de l’été l’occasion d’une jolie balade au sein de la génération trentenaire (un peu celle du Bataclan) diplômée, citoyenne du monde, amateur de musiques, mais hésitante et parfois perdue dans sa vie d’adulte.

Berlin. Au milieu de l’été, Sasha, 30 ans, jeune graphiste, décède soudainement. Lors des funérailles, Lawrence, son compagnon fait la connaissance de Zoé, la sœur de Sasha, qui lui ressemble étrangement. Dans le souvenir de la jeune femme, ils vont se rapprocher. Zoé vit à  Paris est mariée et mère de famille. De pérégrinations en retrouvailles dans les villes ou leur mène leur balade « sentimentale », ils vont peu à  peu partager la peine et le poids de l’absence entre Berlin, Paris et New York. Trois étés, trois villes, le temps de leur retour à  la lumière, portés par le souvenir de celle qu’ils ont aimée.
Durant ce deuil de deux années, Lawrence et Zoé ne sont pas seuls et c’est tout autant les va-et-vient des jeunes gens que l’on suit que les rencontres qu’ils font ici ou là  : des amis croisés puis perdus de vue, un été à  Annecy avec les parents de Sasha, des déambulations dans les quartiers animés de République à  Paris ou sur les terrasses des immeubles de Soho à  New-York.

Lawrence est architecte, et les décors de ces trois villes magnifiquement filmés vont être ceux de ses états d’âme, l’écrin qui le protège et qui lui rappelle Sasha.
Cette traversée des lieux, ces moments revisités en compagnie de jeunes qui ont pu croiser sa compagne vont agir comme une traversée de sa peine et aider à  une renaissance au bout du chemin avec une nouvelle compagne sur une plage de Long Island à  New-York.

On l’aura compris, c’est une balade douce-amère que le cinéaste nous propose. Mais au final, d’avantage qu’une histoire de deuil traversé c’est le portrait de cette génération de trentenaires, amateurs de musique groove et folk, attachés à  aucun lieu sinon ceux des grandes métropoles dans lesquels ils se reconstruisent une famille, une vie de « village ». Ils travaillent essentiellement dans la pub, la communication, l’édition ou les petits boulots en attendant mieux. Ils se croisent, se perdent de vue, privilégiant les affinités nomades. Et l’on pense évidemment à  ces jeunes qui étaient au Bataclan, en novembre dernier, cette génération diplômée, urbaine « flottante » attendant un meilleur à  venir et traversant la planète au gré de leurs envies.

L’épreuve de deuil que vit Lawrence est délicatement absorbée, le cinéaste prend son temps pour en décrire toutes les évolutions en montrant ses héros traversés d’émotions qui palpitent. Il dispose de très bons interprètes en la personne d’Anders Danielsenlie et de Judith Chemla qui a le visage d’une jeune fille en fleurs. On remarquera au passage que ce parti-pris de situer le film en été donne au cinéaste l’occasion de dévêtir les jambes et les bras de ces actrices ! Joli spectacle soit dit en passant.. Le film se joue aussi à  fleur de peau sur ce registre là 

Ce sentiment de l’été ou la subtile transformation d’un garçon introverti et en devenir en un jeune adulte confiant aux choix assumés.

Marie-Noëlle Gougeon

http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19557960&cfilm=230731.html

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