Nahid d’Ida Panahandeh avec Sareh Bayat et Pejman Bazeghi. Drame iranien.
(2015) 1h44.
Room de Lenny Abrahamson d’après le livre d’Emma Donoghue. Avec Brie Larson. Film canadien. (2015). 2H.
Deux belles trajectoires de femmes et mères. Nahid, en Iran, se bat contre les traditions et pour sa liberté de femme. Joy au Canada sortira d’une séquestration grâce à la force et l’amour de son fils de cinq ans. Deux films réussis au service de la force du sentiment.
A l’approche du 8 Mars, Journée internationale de la femme, le cinéma nous offre cette semaine deux portraits de femmes battantes et courageuses qui vivent toutes les deux un enfermement.
Enfermement moral au travers des traditions de son pays pour Nahid, jeune iranienne. Divorcée, c’est à son mari que doit être confiée la garde de leur fils mais drogué, l’époux est bien incapable de s’en occuper. Nahid s’engage alors à ne pas se remarier pour pouvoir garder son fils. Mais c’est sans compter sur la rencontre avec Masoud, un homme plus fortuné qu’elle, qui l’aime. Après bien des difficultés d’ordre financier et moral, elle choisit sa vie de femme et la protection de ce nouvel amour. Pour cela, elle aura utilisé la formule admise en Iran de mariage « temporaire » d’un mois avec Masoud, le temps de réfléchir. Mais le grand frère et la famille veille. La liberté entrevue et qui évoque en filigrane l’ouverture de l’Iran des dernières semaines sera longue à s’installer, comme celle sans doute du pays.
Nahid est réalisé par Ida Panahandeh une toute jeune cinéaste iranienne et montre à quel point la jeune génération souhaite s’exprimer sur des sujets encore corsetés par la tradition musulmane. Nahid oscille sans cesse entre résignation et combat pour vivre sa vie de femme.
Sareh Bayat lui apporte un jeu tout en émotions retenues et regard de braise. Pejman Bazeghi dans le rôle de Masoud représente la modernité de ce pays à la transition de vie difficile.
Un film très juste et poignant sur la société iranienne en mouvement
Enfermement physique et psychologique pour Joy et son fils Jack, cloîtrés depuis cinq ans dans un abri de jardin par un ravisseur qui a violé et séquestré la jeune femme. « Room » (pièce en anglais) est une histoire inspirée de celle d’Elizabeth Fitzl, cette jeune fille qui avait été enfermée en Autriche par son père et de qui elle avait eu de nombreux enfants.
Pourtant plus que la détention, le film s’attache davantage à la lente sortie de ce huit clos étouffant et le travail de résilience que le fils de Joy entreprend. D’abord pour survivre dans cette pièce isolée, ensuite pour s’adapter au « dehors » : cette réalité du monde qu’il ne pouvait imaginer qu’à travers la TV et le Velux du toit, seule source de lumière de la pièce où sa mère et lui vivaient cloîtrés.
Les constructions mentales qu’il va échafauder pour se représenter ce qu’il ne peut toucher, l’amour de sa mère vont insuffler au petit Jack un courage extraordinaire. Au mépris de sa vie, il réussira à berner ce « vilain Nick » et mère et enfant retrouveront enfin la liberté et les parents de Joy.
Pour Jack, un avenir est envisageable puisqu’il n’a connu que la réalité de l’enfermement. Pour sa mère en revanche, les remords la rongent. La déprime la gagne. Il faudra la force de son fils, sa capacité à lui transmettre son amour de la vie pour qu’elle accepte enfin la réalité si sordide soit-elle et son rôle de mère. La tendresse des grands parents les aideront beaucoup aussi
Room, un film grave et plein d’amour partagé même avec des larmes et des cris. Une mise en scène qui évolue au fil de l’histoire passant des plans serrés du huit clos à une réalisation fluide et paisible lors de la sortie de cet enfer. Brie Larson a obtenu l’Oscar de la meilleure actrice pour son rôle de Joy. Jacob Tremblay le petit garçon est prodigieux. Les seconds rôles ne déméritent pas.