« Le Pape François »
Un film de Beda Docampo Feijoo
Argentine – Espagne – 2015 – 1 h 44
Après la publication d’un nombre impressionnant de livres le concernant, l’humilité et la simplicité bien connues de notre Pape François devraient être sérieusement mises à l’épreuve, avec la sortie d’un film qui lui est entièrement consacré, sous forme de « biopic* ». Mais ce qui devrait rassurer l’évêque de Rome, c’est que l’image de lui que renvoie le film, n’est jamais hagiographique, mais témoigne d’une vraie sympathie, et d’un grand respect à son égard. Le parti-pris du réalisateur, et c’est ce qui donne son originalité au film par ailleurs de forme assez classique, tient au fait que le parcours de celui qui deviendra le Pape François, est vu au travers du regard d’une journaliste espagnole, Ana, qui se présente elle-même comme agnostique. C’est par les recherches menées par cette jeune journaliste, par l’interview de vaticanistes et de personnes qui ont connu le Père Jorge, et par des entretiens conduits directement avec lui, quand il n’était encore que Monseigneur Jorge Bergoglio, Archevêque de Buenos Aires, que se révèle progressivement, le portrait du futur Pape François, premier Pape du continent sud-américain. Les premiers entretiens se situent au moment du Conclave de 2005, qui voit l’élection de Benoît XVI (Et « l’échec » de Jorge Bergoglio), et ils vont se poursuivre jusqu’en 2013, date de l’élection du Pape François, et de son accession au Trône de Saint Pierre. Le film déroule ainsi la vie de Jorge Bergoglio depuis la naissance de sa vocation de prêtre, jusqu’à son élection au Pontificat. La mise en scène, plutôt nerveuse, est très réussie, évitant trop longs discours et lenteurs, bien servie par un beau scope, une belle photographie très lumineuse, et de très bons acteurs : Silvia Abascal dans le rôle d’Ana, la journaliste, et Dario Grandinetti, excellent comédien argentin, dans le rôle du Padre Jorge, le futur Pape François. Une ressemblance très incertaine avec le véritable Pape, jamais gênante cependant, car Grandinetti endosse avec une particulière justesse tout au long du film, la personnalité du Père Jorge et brièvement, celle de François, à la fin du film. Fréquentation des quartiers populaires de Buenos Aires appelés « villas », humilité, tendresse pour les pauvres et les exclus, miséricorde en direction des pécheurs, secours des victimes de la violence politique et de la corruption, apparaissent clairement tout au long du film, et dès le début du ministère du Père Jorge, prêtre puis évêque. Les caractéristiques de l’apostolat et des qualités humaines et spirituelles que nous reconnaissons aujourd’hui de façon très évidente chez notre Pape François, sont déjà à l’œuvre. Un beau film, pour mieux connaître celui qui, avant d’être « Le Pape François » (Titre un peu trompeur du film), fut le Père Jorge, prêtre, évêque, archevêque, serviteur des petits et des pauvres, apôtre des périphéries.
*Biopic : film dont le scénario s’inspire de la vie d’un personnage célèbre.
Pierre QUELIN.