Prendre le large
Un film de Gaël Morel
France – 2017 – 1 h 43
Edith, la cinquantaine, vit seule dans une maison isolée, au coeur du vignoble beaujolais. Son travail la conduit dans une entreprise textile de la région caladoise.
Nous faisons la connaissance d’Edith, au moment où lui est annoncé son licenciement, à la suite de la délocalisation de la production au Maroc. Pour elle, une seule alternative: accepter les indemnités de licenciement, ou rejoindre l’usine marocaine, avec une nouvelle vie, et des conditions matérielles très dégradées.
A la surprise générale, c’est cette dernière proposition qui est choisie. Surprise et même indignation de ses collègues qui ont accepté les indemnités de licenciement. Surprise de l’employeur qui essaie de dissuader Edith. Surprise de Jérémy, son fils, qu’Edith décide de rencontrer après une très longue séparation, une très longue brouille.
Après ce prologue français, le film nous emmène à Tanger, où Edith trouve à s’installer dans un modeste hôtel, et commence rapidement son nouveau travail dans l’usine de textile.
Le film décrit avec beaucoup de justesse les différentes rencontres, amicales ou souvent hostiles, qu’Edith va effectuer, aussi bien à l’occasion de son travail, que dans l’hôtel qui l’héberge.
Les premières marques de sympathie, Edith va les trouver chez Ali, le fils de la propriétaire de l’hôtel. Ali, lui aussi, voudrait prendre le large, mais dans la direction opposée à celle choisie par Edith,, idéalisant la vie en France, au regard de celle qu’il mène à Tanger.
Sandrine Bonnaire (Edith) et Kamal El Amri (Ali)
La présentation presque documentaire de la vie marocaine et du travail effectué dans l’usine de textile, donne au film beaucoup de réalisme, et par là même, de beaux moments d’émotion.
Tous les comédiens, marocains en particulier, sont remarquables. Mais c’est la personnalité et l’immense talent de Sandrine Bonnaire, parfaite dans le rôle d’Edith, femme immergée dans un monde inconnu et souvent hostile, qui rendent ce film particulièrement prenant d’un bout à l’autre.
Le film délivre aussi un riche message d’amitié et de fraternité, et nous laisse voir que des drames personnels comme un licenciement ou une rupture familiale à la suite d’incompréhensions, peuvent faire place à de nouvelles rencontres, à des réconciliations, et conduire vers de nouveaux départs.
Tout cela fait de « Prendre le large », un film beau, lumineux et généreux.
Pierre QUELIN.