Cinéma – Marie Madeleine

Un film de Garth Davis – Grande-Bretagne – Australie – 2017 – 2 h 10

Le choix du réalisateur, et ce qui constitue avec le casting, la seule originalité du film, c’est de faire d’emblée de Marie Madeleine, la treizième apôtre du Messie durant les trois années de sa vie publique sur la terre de Palestine.

Incomprise des siens qui suspectent en elle une possédée du démon, Marie de Magdala va être poussée en direction de Jésus. En lui, son entourage reconnait le guérisseur qui pourra la délivrer de l’emprise de Satan, et la rendre obéissante aux ambitions que son père et son frère manifestent à son égard, en tout premier lieu un mariage arrangé et forcé.

La suite du film montre Marie Madeleine au plus près du Christ, souvent au-devant des apôtres, témoin attentive des paroles et des actions de Jésus. Le récit semble alors s’intéresser essentiellement à divers épisodes de la vie du Seigneur, au travers de différents évènements relatés dans les Evangiles: prédications, miracles, institution de l’Eucharistie, entrée à Jérusalem, trahison de Judas, crucifixion, mort et résurrection. Dans ces différentes séquences, Marie Madeleine apparait souvent au second plan,  loin de l’image d’une véritable participante aux évènements vécus par Jésus.

Tourné en format scope, accompagné d’une musique souvent envahissante, le film baigne dans des couleurs et des lumières ternes, qui lui donnent un ton de tristesse, bien loin de la joie de l’Evangile, joie que l’on pourrait attendre d’une histoire représentant Jésus, ses disciples, ses apôtres et Marie Madeleine.

Mise en scène plutôt minimaliste, pour ne pas dire pauvre, le réalisateur se plaisant à montrer souvent ses personnages dans le lointain, minuscules silhouettes au milieu de vastes étendues désertiques.

Brillante distribution qui ne peut que susciter la curiosité du cinéphile. Rooney Mara campe un belle Marie Madeleine, constamment retenue, très crédible. Le Jésus de Joaquin Phoenix est tout d’une pièce, massif, imposant, terrien. Finalement, plutôt convaincant. Forte présence, assez inattendue, de comédiens français dans le casting: Tchéky Karyo dans le rôle du père de Marie Madeleine, Denis Ménochet dans celui de son frère. Et Tahar Rahim, parfait dans le rôle de Judas, se manifestant à nouveau comme l’excellent acteur que nous connaissons et apprécions maintenant depuis de nombreux films. Petite originalité avec dans le rôle de Pierre, le grand acteur noir britannique, Chiwetel Ejiofor.

En conclusion, confirmation, hélas, avec ce film, que de bonnes intentions et une solide distribution, ne suffisent pas à assurer la pleine réussite d’un projet. En ce temps pascal, pour emprunter au cinéma un chemin de paix, d’espérance, de joie et de foi, on préfèrera voir, ou pourquoi pas revoir, La Prière, le très beau film de Cédric Kahn.

Pierre Quelin

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Joaquin Phoenix (Jésus) et Rooney Mara (Marie Madeleine)

Tahar Rahim (Judas) et Rooney Mara (Marie Madeleine)

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