Un film d’Andrew Hyatt – Etats-Unis – 2018 – 1 h 48
Même si Saint Paul est bien le sujet du film d’Andrew Hyatt, deux autres figures apparaissent de manière récurrente aux côtés de l’Apôtre: Saint Luc, tout d’abord, mais aussi Mauritius Gallas, le Romain responsable de la prison où Paul est incarcéré.
La narration du film repose sur des allers-retours entre les prisons où Paul est détenu et où il rencontre Luc et ses geôliers, et la maison de Priscille et Aquila, une presque catacombe, où se trouve accueillie et rassemblée la communauté chrétienne de Rome. Communauté au sein de laquelle vont vite se manifester des rivalités entre ceux qui veulent rester et ceux qui veulent quitter Rome et ses persécutions, entre ceux qui prônent une action violente contre les Romains, et ceux qui, fidèles à la parole et à l’enseignement de Paul, invitent à la non-violence et à la paix. Les scènes de prison nous rapportent les conversations entre Paul, Luc et Mauritius, et nous font entendre des propos que les lectures répétées des lettres de l’Apôtre nous ont rendu extrêmement familiers. Ce qui conduit parfois à ressentir comme une impression de banalité, de déjà vu, de déjà entendu. Ceci étant, la fidélité aux écrits de Paul manifestée par le réalisateur, peut difficilement lui être reprochée.
Les couleurs du film, dans des tons bruns et ocres, sont à l’image du côté très sombre et de l’ambiance nocturne de ces lieux d’enfermement où nous sommes régulièrement conduits. Le réalisateur joue très souvent, sur le plan esthétique, avec des rayons de lumière qui tombent des ouvertures, et qui illuminent les personnages, Paul et Luc, leurs visages en particulier. Illumination au sens propre, mais peut-être aussi comme un signe de spiritualité, de présence divine, la lumière venant adoucir les ténèbres dans lesquels l’Apôtre se trouve enfermé. Les ralentis sont utilisés avec suffisamment de discrétion pour ne pas trop alourdir le déroulement du récit. On peut déplorer le ton un peu trop grandiloquent de certaines discours de Paul et de Luc, mais il est possible que la version française du film contribue à cette impression un peu désagréable. Musique raisonnablement envahissante….
Les comédiens (sans leurs voix d’origine dans la version chroniquée ici *), sont tout à fait remarquables, crédibles, sans excès, jamais caricaturaux.
Paul, Apôtre du Christ, ne doit pas être vu comme un biopic qui nous relaterait de A à Z ce que nous connaissons de la vie de Saul, persécuteur des Chrétiens, avant de devenir Paul, apôtre du Christ. Le film nous rappelle, au travers du récit de la fin de la vie de l’Apôtre, comment Luc a pu recevoir de Paul et rassembler nombre d’informations et de messages qui constitueront une part des Actes des Apôtres. Récits des débuts du Christianisme depuis la terre de Palestine jusqu’à Rome, là où Paul finira sa vie.
Paul, Apôtre du Christ, c’est du cinéma, et il est toujours tentant et facile de rechercher et de trouver inexactitudes, approximations ou même parfois véritables trahisons ou contre-sens. Il semble que le film rapporte au plus près et au plus juste, les paroles que nous connaissons bien, et que nous retrouvons dans les écrits de Paul, même si le contexte dans lequel elles ont été prononcées n’est probablement pas tout à fait celui qui est montré dans le film.
Laissons donc aux théologiens et aux biblistes, en particulier à ceux qui sont très familiers de la parole paulinienne, le soin de nous dire s’ils reconnaissent ou non, dans ce qui n’est qu’une oeuvre de cinéaste, avec ses qualités et ses défauts, le vrai visage de Paul, l’auteur des treize épîtres rassemblées dans le Nouveau Testament.
Pierre Quelin
* Quelques très rares projections en version originale sous-titrée, sont actuellement visibles à Lyon au cinéma Pathé Vaise.
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Jim Caviezel (Luc) – James Faulkner (Paul)
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