Un film de Spike Lee
Etats-Unis – 2018 – 2 h 15
Récompensé d’un Grand Prix à l’occasion du Festival de Cannes 2018, BlackKklansman arrive sur les écrans français en cette fin du mois d’août 2018. Un film très vivement conseillé.
Spike Lee, dont toute la filmographie témoigne de son inébranlable engagement en direction de la communauté noire aux Etats-Unis, prend comme point de départ de son film, une histoire vraie qui s’est déroulée au cours des années 1970 dans l’Etat du Colorado. Cette histoire, c’est celle de deux policiers, l’un Noir, l’autre Blanc et Juif, qui ont réussi à infiltrer le Ku Klux Klan, organisation violente, raciste, xénophobe, pourtant très fermée, et à priori très méfiante.
La réussite du film tient dans la pleine adéquation entre ce qui est raconté, et qui fait référence à des évènements extrêmement tragiques, et la façon choisie par Spike Lee pour mener son récit, souvent à la manière d’une comédie ou d’un film à suspense. Spike Lee parvient ainsi à offrir un film à la fois très exigeant, très respectueux de son public, mais aussi très divertissant, et à ce titre, très populaire.
La mise en scène, la photographie, le montage sont très soignés et très enlevés, sans temps morts, avec quelques jolis choix techniques et esthétiques: format scope, courtes séquences de split-screen, plaisante musique style « Hollywood années 1970 », épisode en montage alterné avec d’une part une situation toute en paix, en sérénité, en recueillement, et d’autre part, une situation glaçante et inquiétante.
Spike Lee
Les comédiens sont absolument remarquables, avec la confirmation du talent tout en retenue d’Adam Driver, et surtout la découverte de John David Washington, excellent tout autant dans les moments drôles, que dans les moments de tension tragique, et dont toutes les apparitions sont un vrai bonheur. Dans le rôle du « méchant » parmi les méchants, le comédien finlandais Jasper Paakkonen est particulièrement convaincant. Et Spike Lee nous offre une scène de toute beauté et fort émouvante, avec le grand Harry Belafonte, 81 ans.
Adam Driver et John David Washington
BlackKklansman peut être vu comme film de divertissement, mais il nous dit surtout par son côté documentaire, et avec une très grande force, tout ce que nous ne devrions jamais oublier sur la situation qui fut celle des Afro-Américains tout au long de l’histoire des Etats-Unis, situation qui reste d’une brûlante et tragique actualité, comme nous le rappelle magnifiquement Spike Lee dans la conclusion de son film.
Un beau film souvent plein d’humour, un film généreux, un film utile.
Pierre QUELIN.
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