Un film de Wim Wenders – 2018 – 1 h 36
Quand l’entourage du pape fait appel à Wim Wenders pour lui demander de réaliser un film sur le Saint-Père, chacun doit avoir déjà repéré les talents de documentariste du grand réalisateur allemand. Chacun doit avoir reconnu l’intérêt de Wenders pour la défense de l’environnement, mais aussi son attention aux choses spirituelles, comme peut en témoigner son film-phare, Les Ailes du désir, où il nous montre l’arrivée de deux anges sur la Terre.
Excellent choix, puisque Wenders nous offre, par le biais d’une oeuvre cinématographique très réussie, un beau portrait de François, ce « pape venu du bout du monde ».
En ouvrant son film avec des images de la ville d’Assise, Wim Wenders situe immédiatement François, tout autant comme le successeur de Pierre, que comme l’héritier direct de la spiritualité de Saint François d’Assise.
Cette vision d’Assise et de son Saint constituera l’un des fils rouges du film, pour illustrer l’engagement de François en direction de la défense de la planète. Le second fil rouge est représenté par le souci sans cesse manifesté par le pape en direction des petits et des pauvres.
Wim Wenders construit son film en alternant très adroitement des séquences d’interviews de François, et des images de reportages souvent très spectaculaires et très émouvantes, sur les nombreux voyages et déplacements que François a déjà effectués tout autour de la planète. On découvre à cette occasion, les drames horribles qui se déroulent dans de nombreux pays, mais aussi les grands moments de liesse et de joie vécus à l’occasion de ces voyages.
Wim Wenders en compagnie de François
Nous connaissons depuis la publication de la lettre encyclique, Laudato si’, l’intérêt viscéral que porte François à la question de notre environnement, face aux souffrances qu’endure la Terre, « notre maison commune », de plus en plus menacée, malmenée, blessée.
Souffrances de la planète, mais aussi souffrances de celles et de ceux qui l’habitent, parfaitement montrées au cours des voyages où le pape est amené à rencontrer, à écouter, à réconforter ces plus petits et ces plus pauvres que sont les malades, les handicapés, les prisonniers, les réfugiés… Images saisissantes, qui serrent le coeur.
En alternant les interviews de François qui s’adresse à nous droit dans les yeux, et les séquences d’archives, Wim Wenders donne beaucoup de légèreté esthétique à ce film remarquablement monté et réalisé, passant rapidement d’une séquence à une autre, sans jamais susciter le moindre ennui.
Une des plus belles de ces séquences, brève mais intense, est celle où François, en guide spirituel très inspiré, parle de la mort, de notre mort, de la mort des enfants, de sa propre mort.
Au début du film, François nous invite à devenir ou à rester celles et ceux qui, avant de parler, de s’exprimer, doivent savoir rester à l’écoute de ce que disent les autres. Dans cet esprit, le film de Wenders nous conduit à nous mettre attentivement à l’écoute de la parole claire et forte de François, afin de bien entendre et bien comprendre la richesse des messages qu’il souhaite nous communiquer. Pour prendre conscience, d’une part des situations de grande pauvreté que vivent nombre de femmes, d’hommes et d’enfants sur la Terre, d’autre part du drame que vit la Terre elle-même, mettant de plus en plus en danger les milliards d’êtres humains qu’elle porte et nourrit.
Non seulement prendre conscience, mais bien évidemment agir. Agir en tant que chrétiens, agir en tant que citoyens. Agir par des actes concrets dans tous les moments de notre vie. Voila bien la claire et puissante invitation que nous adresse ce beau film, au travers des images qu’il nous montre, et au travers de ce que nous dit François, « cet homme de parole ».
Pierre Quelin.
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