Un roman de l’auteur autrichien Robert Schneider – Fayard – 2011 – 320 pages.
D’emblée, le titre évocateur de ce roman aborde le thème de l’Apocalypse d’une manière originale, puisque l’auteur développe une fiction musico-littéraire dans laquelle un anti-héros, organiste sans relief de l’ex-Allemagne de l’Est, fait une fabuleuse trouvaille cachée dans un vieil orgue en restauration: le manuscrit autographe de son compositeur de prédilection, Jean-Sébastien Bach. Tenant entre ses mains la partition d’un Oratorio inconnu, dit « de l’Apocalypse », il décide alors de faire valoir cette découverte auprès de la Société-Bach (dans une Allemagne qui vient de connaître la chute du mur de Berlin), et se prend ainsi à rêver de jouer, enfin, dans la cour des grands.
Outre l’intérêt narratif, le ton souvent cocasse et les qualités de l’intrigue, Robert Schneider écrit avec talent de formidables transcriptions littéraires de cette musique fictive qu’il crée de toutes pièces: avant-gardiste et portant les marques du langage musical du 20ème siècle, elle fait apparaître le vieux Bach des années 1740 comme un compositeur visionnaire.
Cet anachronisme n’est nullement dérangeant, et scelle au contraire une forme de syncrétisme culturel entre les différentes époques germaniques. Le thème de l’Apocalypse est ainsi abordé par le truchement de la musique: c’est le thème ultime d’une vie de compositeur en grande partie consacrée à servir le message biblique, et c’est, pour un compositeur, une audace suprême de mettre en musique cette Fin des temps si terrifiante pour les Hommes.
Enfin, les lecteurs-mélomanes apprécieront ces pages insérées dans le récit (écrites en italique), où l’auteur nous replonge, à la manière de flashbacks, dans l’environnement de Bach, et nous nous plaisons à le suivre dans ses activités, à l’entendre parler dans son parler allemand de l’époque, et à découvrir son caractère un peu bourru.
Patrick Davoine
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Robert Schneider
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