Un film d’Andrei Konchalovsky – Russie – Italie – 2019 – 2 h 14 mm
En 1965, Carol Reed filme une super production, L’Extase et l’Agonie, qui met face à face Michel-Ange (Charlton Heston), et le Pape Jules II (Rex Harrison), durant la période de la décoration titanesque de la Chapelle Sixtine au Vatican.
Andrei Konchalovsky (dont on n’a pas oublié qu’il fut le coscénariste du film Andrei Roublev, le chef-d’oeuvre d’Andrei Tarkovski), ouvre son film au moment où s’achève cette décoration, celle du plafond de la Chapelle et le Jugement dernier.
L’audace de Michel-Ange dans la représentation des personnages, où nudités et postures attirent le regard, va rapidement susciter l’hostilité d’une partie des représentants de la Curie et des Inquisiteurs, mais va trouver dans le Pape Jules II, un ardent défenseur et un véritable admirateur. Ce dernier demande à Michel-Ange de concevoir et de construire son tombeau, ouvrage à priori gigantesque, nécessitant un travail de plusieurs années.
Mais nous sommes dans l’Italie de la Renaissance, où les grandes familles princières dictent leurs lois, et choisissent les Papes. C’est ainsi qu’à la mort de Jules II, représentant de la famille Della Rovere, les Médicis qui ont pris le pouvoir, installent le Pape Léon X sur le trône de Saint-Pierre.
Michel-Ange va se trouver dans la situation embarrassante d’honorer les commandes de ses anciens mécènes, tout en étant dans l’obligation d’accepter celles de ses nouveaux commanditaires.
Le film de Konchalovsky ne montre jamais Michel-Ange dans son travail de peintre ou de sculpteur. Il s’attache uniquement à révéler le génie créatif du personnage au caractère vif, emporté, souvent querelleur, parfois très violent, mais recherchant toujours la perfection au travers de l’utilisation des plus beaux matériaux, pour des oeuvres toujours plus grandioses.
A la suite de Michel-Ange, le film nous conduit de Florence à Rome, de Rome à Florence, en passant par Carrare et ses sublimes carrières de marbre, en traversant la campagne toscane, au moyen d’une reconstitution historique d’une grande précision et d’une grande beauté.
Le montage est très rapide, passant d’une ville à l’autre, décrivant rapidement mais avec beaucoup de justesse les différents personnages des plus humbles aux plus aristocratiques, qui entourent le génial artiste, le commanditent, l’assistent, subviennent à ses besoins matériels et financiers.
Alberto Testone campe un Michel-Ange très crédible, rappelant le physique de son modèle, en artiste qui semble vouloir créer plus en direction de Dieu qu’en direction des hommes !
Michel-Ange est un film qui séduit par la précision et la qualité de la reconstitution historique, par la beauté des ses images, de sa mise en scène, de ses lumières, de ses couleurs.
Il nous déduit aussi par ce qu’il nous fait comprendre de la création artistique, des souffrances qu’elle induit, des voies qu’elle emprunte, du temps et des efforts qu’elle nécessite.
Pour finalement aboutir, lorsque l’on s’appelle Michel-Ange, à ces merveilles où la main de Dieu semble guider la main de l’homme.
Pierre Quelin.
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Basilique Saint-Pierre aux Liens – Rome