Un roman d’Adalbert Stifter – Points Seuil – 203 pages
Un adolescent très protégé, élevé par une mère nourricière depuis la mort de ses parents doit, avant de prendre son premier poste, rendre visite à son oncle qui vit cloîtré dans une île entourée de montagnes.
Il part à pied, dans un long voyage solitaire, et arrive finalement sur l’île presque coupée du monde.
L’oncle, vieux célibataire, parle peu, n’est pas de relations faciles, mais il est porteur de toutes les forces et les failles qui forment l’expérience de la vie.
Le jeune homme qui repartira à la fin du séjour aura mûri, et sans que rien ne soit clairement formulé, le vieil homme l’aura aidé à devenir un homme, parce qu’il lui aura appris le goût de la solitude, à se centrer sur lui-même, à se former une identité, à ne pas accepter d’être autre chose que ce que l’on est, envers et contre la société.
L’oncle lui dit: « Refuse de te satisfaire de ton destin, déteste la médiocrité, même si elle se présente sous les traits d’un être plein d’amour« .
Ce qui frappe avant tout dans cette histoire apparemment banale, c’est à quel point elle résonne en nous, avec une prose précise, concise, dans un style très retenu qu’on pourrait presque dire minimaliste.
L’essentiel du récit se passe dans l’observation et la contemplation de la nature. C’est un livre lent, avec des phrases brèves. On se laisse ainsi prendre à cette histoire simple, roman d’apprentissage.
On peut faire un parallèle entre l’oncle, l’homme sans postérité dans le roman, et la vie personnelle d’Adalbert Stifter, sachant que lui-même n’a pas pu avoir d’enfant naturel, et qu’il semble hanté par la postérité: « Son existence n’a pas formé d’empreinte, ses bourgeons ne descendent pas avec lui le courant du temps« .
Françoise Zehnacker.
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Adalbert Stifter
Né en 1805 et mort en 1868, Adalbert Stifter est un écrivain, pédagogue et peintre autrichien.
Après s’être lancé dans la peinture, il se consacrera à la littérature, encouragé par le succès rencontré à la suite de la publication de sa première nouvelle, Le Condor.
En complément de son activité d’écrivain, Adalbert Stifter donnera des leçons particulières, et exercera la fonction d’Inspecteur des écoles primaires dans son pays, l’Autriche.
Touché par une grave maladie, il se donnera la mort à l’âge de 68 ans.
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