Un essai de Frédéric Worms – Editions Bayard – 2021 – 180 pages.
Vivre en temps réel, c’est à dire vivre au coeur d’évènements exceptionnels dramatiques ou joyeux (par exemple, attentats ou Coupe du Monde de football), c’est possible mais quand cela se prlonge, nous sommes alors incités à vivre autrement le temps.
C’est ce qui se passe actuellement avec la Covid.
Lors du premier confinement, on avait le sentiment de vivre quelque chose d’exceptionnel, mais on avait l’impression de le partager. Maintenant, la pandémie s’installe dans la durée, et l’idée que notre avenir consistera avant tout à « prévenir », suscite en nous une profonde rétractation dont nous essayons de comprendre les ressorts psychiques.
Comment supporter cette urgence qui dure, cette incertitude, cette fatalité, et ces risques de sacrifier les principes de justice ?
C’est l’image de la politique du temps présent à tous les niveaux, local, national, global, répondre à toutes les urgences en structurant le temps.
Cependant, cette politique du temps n’abolit pas toute souffrance temporelle, et c’est tout le paradoxe: le temps des urgences est aussi le temps de l’attente, Il y a bien une urgence temporelle, mais l’action politique consiste à l’assumer et à inscrire le temps des vivants dans l’histoire humaine.
L’auteur tente de nous convaincre qu’il y a un bienfait dans l’urgence qui dure: elle oblige à voir les contradictions de la vie humaine. Et quoi de mieux que la démocratie pour redonner sens à la vie, quoi de mieux que la justice, urgence des urgences.
En conclusion, une analyse philosophique intéressante de ce que nous vivons, un vocabulaire simple, mais un propos qui ne l’est pas et qui rend la lecture parfois un peu difficile.
Françoise Zehnacker
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Frédéric Worms