Un film de Xavier de Lauzanne – France – 2020 – 1 h 30
En 2016, Xavier de Lauzanne nous offrait un beau documentaire qui nous racontait l’histoire d’un couple français, Christian et Marie-France de Pallières, installé au Cambodge pour venir en aide aux nombreux enfants vivant dans la misère, occupés à récupérer des déchets à recycler, abandonnés dans les décharges de Phnom Penh.
En 2020, c’est en Syrie que nous conduit Xavier de Lauzanne, dans la ville de Raqqa, une fois libérée des djihadistes qui en avaient fait la capitale de leur Califat.
Il est accompagné d’un photographe et d’une journaliste du Point, Marine de Tilly. Tous souhaitent rencontrer Leïla Mustapha pour raconter son histoire, alors qu’elle est devenue la maire de la ville de Raqqa. Cette rencontre constitue le sujet du film.
Le film est construit en 9 chapitres correspondant aux 9 jours passés par les trois Français à Raqqa, auprès de Leïla Mustapha.
En ouverture, le film nous rappelle, à l’aide d’images d’archives, ce qu’a représenté la mainmise de Daech sur la ville de Raqqa: populations poussées à l’exil ou à une conversion forcée à l’Islam, massacres, exécutions sommaires, viols, pillage des habitations, destruction à grande échelle des bâtiments de la ville.
C’est donc une ville libérée mais en ruines que filme Xavier de Lauzanne, en s’intéressant tout particulièrement, au travers des interviews menées par Marine de Tilly, à Leïla Mustapha, jeune femme musulmane d’une trentaine d’années, devenue de la manière la plus démocratique possible, maire de Raqqa.
Nous la suivons à l’occasion des réunions du Conseil Municipal, lors de ses nombreuses visites de chantiers de reconstruction, mais aussi à l’occasion des moments plus détendus et plus intimistes qu’elle passe avec Marine de Tilly, pour répondre à ses questions.
Une séquence particulièrement émouvante nous la montre effectuant une visite dans le cimetière où sont rassemblées les tombes de ceux qu’on appelle les martyrs de la lutte contre Daech.
Tout cela dessine progressivement le portrait d’une jeune femme extrêmement courageuse et déterminée, particulièrement à l’aise dans des assemblées d’hommes (En particulier sur les chantiers), porte-parole des femmes syriennes qui ont été les principales victimes de Daech, traitées avec une particulière cruauté.
Quand on demande à Leïla pourquoi les femmes s’investissent avec tant d’énergie dans la reconstruction de leur ville, elle répond que c’est justement parce qu’elles ont été considérées comme des moins que rien par Daech, qu’elles veulent montrer de quoi elles sont capables, à l’égal des hommes !
En contraste avec la noirceur qu’a représenté la mainmise de Daech sur Raqqa, le portrait lumineux de Leïla Mustapha dégage un salutaire parfum d’optimisme concernant l’avenir de Raqqa et de ses habitants. Optimisme tempéré par l’idée que Daech n’a peut-être pas dit son dernier mot, et que la liberté et la démocratie sont toujours des conquêtes à remporter, puis à défendre.
Le film de Xavier de Lauzanne est le premier volet d’un triptyque dont les épisodes suivants sont attendus sur les écrans au cours des prochains mois.
D’autre part, la rencontre entre Leïla Mustapha et Marine de Tilly a fait l’objet d’un livre intitulé « La femme, la vie, la liberté ». Joli titre qui résume finalement très bien tout ce que nous montre le beau documentaire de Xavier de Lauzanne.
Pierre Quelin.
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Leîla Mustapha
Xavier de Lauzanne
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