Dans le cadre du Triénium, concert de Gabriel Marghieri à la Primatiale St jean, mardi 15 novembre à 20 h 30
L’ensemble instrumental composé d’étudiants du même Conservatoire Supérieur, deux comédiens de l’ENSATT, et Nicole Corti.
Le compositeur est organiste titulaire de l’orgue de Saint Bonaventure, du Sacré Coeur de Montmartre et de la Cathédrale Saint Jean de Lyon. Profeseur d’anlyse et d’improvisation au CNSM, ce concertiste est aussi vainqueur de plusieurs prix internationaux.
Pour tout renseignement : Eliane Mermet : 06 76 18 24 71
Ce que la presse en dit :
Gabriel Marghieri: Par dessus l’abîme
Lyon, Cathédrale Saint-Jean. Mardi 15 novembre 2011
par Dominique Dubreuil
jeudi 3 novembre 2011
Description : [->http://classiquenews.fr/images/articles/STOxkB1As$_20111138AK2K91WKW.jpg]
Gabriel Marghieri
Par dessus l’abîme
Mardi 15 novembre 2011
Lyon, Cathédrale Saint-Jean
- Est-ce musique sacrée ? Ou plus spécifiquement catholique ? C’est surtout musique en création que ce « Par-dessus l’abime » , tendu par Gabriel Marghieri sous les voûtes de la cathédrale Saint-Jean. Le Diocèse de Lyon a commandé l’œuvre pour son Triennium, mais G.Marghieri affirme son autonomie d’inspiration et d’écriture Une partition très liée à la poésie – de Péguy à Suarès ou Rilke – à découvrir dans un cadre qui incite à la réflexion et à l’admiration
Rock-catho ou pseudo-byzantin ? Que non !
- Musiques chrétiennes, et plus encore catholiques : ce n’est pas si fréquemment affiché, de nos jours, dans les salles de concert où sont écoutées des « musiques savantes » ; certains évoqueraient plutôt des sanctuaires où ont lieu ces événements artistiques, mais la porte et la voie sont étroites pour arriver à se faire entendre des doctes et des autres. « D’ailleurs les milieux de la création contemporaine, peu habitués des églises, pourraient bien craindre un style rock-catho, variété soft ou pseudo-byzantinque le milieu catholique pratiquant quant à lui souhaiterait peut-être. » Ce n’est pas un journaliste au dessus de tout soupçon de cléricalisme qui dit cela, mais le compositeur de « Par-dessus l’abîme », Gabriel Marghieri, qui s’interroge aussi sur son œuvre en création : »Une cantate ? Un oratorio ? Oui et non. Ou plutôt oui, mais avec des éléments originaux ».
De Liszt au Triennum lyonnais
- Gabriel Marghieri, compositeur né en 1964, n’a rien d’un « pieux amateur ». Sans pour autant se déclarer , pour sa formation ou sa composition, adepte de la prolifération dogmatico-esthétique de Messiaen. Organiste titulaire du Sacré Cœur à Montmartre, de Saint-Bonaventure et de la Cathédrale à Lyon, ex-chargé de cours d’improvisation au CNSM de Paris, il est maintenant professeur d’analyse et d’improvisation au CNSM de Lyon, concertiste et « masterclassiste » en Europe, au Japon et au Canada. Il a été joué à Saint-Paul de Londres, à Stuttgart, au Festival de Saarbrucken. Au disque, il a enregistré du Liszt(Harmonia Mundi). Son écriture le mène surtout vers le piano (« Arbres »), l’orgue, les cuivres, les chœurs. Pour sa création à la Cathédrale de Lyon, il s’inscrit résolument dans une spiritualité catholique, puisque c’est l’Eglise lyonnaise, et son cardinal-archevêque, Philippe Barbarin, qui permettent à la pièce de s’inscrire dans le cadre d’un Triennium, 2011 étant l’année de l’Esprit, après celles du Corps et de l’Ame.
La petite fille Espérance
- Il s’agit en effet d’un « parcours spirituel », annonce le compositeur, « non une des ces Histoires Sacrées qui jalonnent l’aventure musicale de Schà¼tz à Honegger via Haendel ou Mendelssohn. Il ne s’agit pas davantage d’un héros ou saint chrétien, mais de tout un chacun, vous ou moi. Et on ira du doute et de la révolte jusqu’à la Paix apportée par le Christ au lendemain de la Passion et de la Résurrection, en passant par les notions inévitables que sont, dans toute existence, celles de l’amour, de l’absence, de la souffrance. Sans oublier les beautés de la Création et leur prolongement dans le spirituel, avec notamment le thème de l’eau qui irriguera la soirée. » La Parole, mystique ou plus ouvertement poétique-générale, sera présente dans des textes que citeront des comédiens de l’ENSATT, puisés chez Saint Augustin, Saint Jean de la Croix, en quelle « Nuit obscure » ?, Claudel (« pas le roc de bigoterie », donc plutôt les Cinq Grandes Odes que les commentaires bibliques et liturgiques du fils aîné de l’Eglise catholique ?), Péguy ( pas forcément les « années de Pélerinage en Beauce »et « voici la lourde nappe et l’océan des blés », mais « la petite fille Espérance, cette petite fille de rien du tout », abritée sous le Porche du Mystère).
L’intelligibilité du texte poétique
- Et encore Rilke écrivant en français et qui permettrait de rejoindre le « thème de l’eau » qui irrigue l’au dessus d’abîme : Eau qui se presse, qui court – eau oublieuse Que la distraite terre boit, Hésite un petit instant dans ma main creuse, Souviens-toi ! ». Ou Supervielle, sera-ce « Je ne vais pas toujours seul au fond de moi-mêmeJ’éteins la lumière aux yeux, dans les cabines, Je me fais des amis des grandes profondeurs. » ? Et André Suarès le très secret « au verbe de braise », pour quel voyage italien émerveillé en compagnie du Condottière ? Ou le théologien suisse Urs von Balthasar, bernanosien de cœur et d ‘étude, ci-devant jésuite puis ex-Compagnie mais in fine devenu cardinal, et toujours musicien au plus profond de l’écriture et du regard ? En tout cas, pour G.Marghieri, « l’intelligibilité du texte importe avant tout : cela sera dit, et non chanté (sauf fragmentairement, par le chœur) ».
On peut concilier « l’intime » de la démarche, et le caractère grandiose du lieu – la Cathédrale Saint-Jean, donc -, et des moyens d’interprétation (ensemble vocal, chœur atelier, ensemble instrumental du CNSMD, sous la direction de Nicole Corti), en ce qui tendrait aussi vers une « œuvre d’art totale ». Le compositeur a déjà conçu des « soirées thématiques à caractère sacré et mises en espace », et travaillé avec Michael Lonsdale. Pour son « abîme », il a aussi prévu la peinture, et la plus intime dans la sensibilité, puisque ce seront projetées sur grand écran des œuvres de son propre père, Roland
Zut, on a encore oublié un explorateur poétique, et G.Marghieri, même s’il ne fait pas appel à lui, ne le rejetterait sans doute pas : « Le soleil était là qui mourait dans l’abîme ». Mais est-ce bien « au dessus » de cela que l’on conçoit « L’unité formidable et noire du néant » ? Même si on n’est pas obligé, comme Victor Hugo visionnaire, d’y voir « le spectre Rien » (levant) sa tête hors du gouffre »