de Kore Eda Hirokazu
Japon, 2011, 2h08
Sortie en France le 11 avril 2012.
Prix Signis au festival de San Sebastian 2011.
avec Koki Maeda, Ohshiro Maeda.
A travers le drame de deux frères au milieu de la séparation de leurs parents, une leçon lumineuse et douce, sur la quête d’un miracle qui pourrait changer nos destinées.
Au Japon, les drames sont souvent des catastrophes et dans les yeux d’un enfant d’aujourd’hui, la pire d’entre elles n’est pas un volcan en irruption, un tsunami ou une explosion atomique mais la séparation de ses parents. Deux jeunes frères se voient ainsi confiés l’un à la garde de la mère, l’autre restant avec son père. Ils ont à peine une dizaine d’années, sont très différents l’un de l’autre et souffrent des conséquences de cette séparation. Mais de façon différente. Koichi, l’aîné, est un garçon un peu triste, raisonnable et réservé. Ryunosuke est joyeux, malin et fantasque. A tous les deux, ils vont essayer de forcer le destin, dans une joyeuse escapade.
Il est dommage que le titre français est laissé de côté le « miracle » du titre japonais original Il y a bien longtemps que la France laïque adore les miracles et celui du dernier film de Kore Eda Hirokazu n’a rien de subversif. Deux jeunes frères séparés par le divorce de leurs parents tentent l’impossible pour réunir à nouveau la famille. A ce souhait très contemporain que partagent tant d’enfants, il faut un miracle très actuel. Les médias abusant du vocable religieux lorsqu’ils parlent de la technologie moderne, le miracle imaginé par les enfants aura lieu lorsque deux trains à grandes vitesse se croiseront. C’est l’énergie ainsi déployée qui permet à l’impossible d’advenir, au miracle souhaité de s’accomplir.
Ancré dans un quotidien très japonais où on goûte des gâteaux de riz, où on se déchausse au seuil de l’appartement et où les enfants portent des uniformes pour aller à l’école, I Wish nos vœux secrets résonne en chacun de nous, enfants ou adultes, dans notre quête effrénée du bonheur. Dans le voyage farfelu entrepris par Ryunosuke, Koichi et leurs copains, qui ne fonctionne qu’avec la grâce du cinéma, et où chacun attend quelque chose de différent, le miracle devient ce cheminement. Pour le réalisateur : « ils ont pris conscience qu’ils font partie de ce monde, eux aussi. C’est à peu près à ce moment-là qu’ils apprennent aussi qu’il ne suffit pas d’aimer quelqu’un pour que cette personne vous aime en retour. Et si vous pouvez penser que cela fait partie de la vie, eh bien vous pouvez grandir en tant que personne. Les émotions qui côtoient le désespoir peuvent aider tout un chacun à grandir. Personnellement, je pense que c’est cela, le miracle de la vie. »
Kore-Eda Hirokazu filme les enfants avec une délicatesse respectueuse, laissant apparaître les imperfections propres à leur âge, leur insouciance naturelle et la gravité de leur implication. Le choix des acteurs est remarquable et tous forment une vraie bande autour des deux frères, complices, inquiets et joyeux à la fois. Placé sous le signe de la catastrophe, le film est lumineux de bout en bout, avec une scène de pur bonheur au milieu d’un jardin de cosmos, où la fragilité des fleurs éphémères et colorées fait un écho poignant à ces enfances si vite passées, si facilement brisées.
De par sa durée et son traitement, où les ellipses sont nombreuses et où beaucoup de questions restent en suspens, I Wish nos vœux secrets qui a pour personnages principaux un groupe d’enfants, n’est cependant pas un film destinés aux enfants. Au festival du film de San Sébastien (Espagne), ce film de Kore Eda Hirokazu a reçu le prix Signis et le prix du jury.