Romeo et Juliette, de Shakespeare aux Subsistances du 15 au 22 septembre.
Le nouveau spectacle de David Bobee répond parfaitement à cette annonce en proposant un spectacle généreux, foisonnant, populaire par la présentation, élitiste par son appartenance aux grands classiques qu’il rend particulièrement lisibles .L’an dernier, il nous avait séduit par une mise en scène très originale d’Hamlet, où l’atmosphère pesante d’Elseneur était merveilleusement transposée dans une morgue où l’évolution dramatique et le texte paradoxalement apparaissaient en pleine lumière.
Il récidive cette année dans la lignée élisabethaine, avec une adaptation de « Romeo et Juliette »,très contemporaine, où l’accent est mis sur la violence de la lutte des deux familles de Vérone ,que l’on peut élargir à deux sociétés , où les enfants sont les victimes, jusqu’à la mort des haines ancestrales dont on ne saisit plus les racines et qui se nourrissent à leur tour des conflits récents. Tout cela est très bien rendu, avec une adaptation du texte dans une langue très actuelle parfois jusqu’à l’excès par une scénographie traversée de violentes lumières, qui en contraste réserve, pour une très belle scène d’enterrement dans une chapelle traitée dans la pénombre, beaucoup d’émotion. Le spectacle est présenté dans le cadre de la Biennale de la Danse, parce qu’une chorégraphie au service de l’expression de la lutte mortelle est servie par des acteurs dont la mixité ajoute à la leçon de tolérance que dégage l’ensemble. Le cirque avec d’étonnants acrobates, participe à l’esthétique soignée de la présentation et est tout à fait dans l’esprit de Shakespeare.
Par contre le feu de la passion amoureuse, autre forme de violence n’apparait plus que comme prétexte aux affrontements.
Si bien savoir utiliser les différents arts du spectacle pour donner à voir et à entendre un grand classique, qui résonne des drames contemporains mérite le déplacement, même si Romeo et Juliette est ici plus l’histoire des Capulet et des Montaigu qu’une tragique histoire d’amour.