de Roberto Ando
Italie, 2013, 1h34
Sortie en France le 5 février 2014.
avec Toni Servilio et Valeria Bruni Tedeschi.
Le thème du kagemusha n’est pas nouveau au cinéma mais le réalisateur le met ici à la sauce italienne, savoureuse parce que s’appuyant sur un Toni Servilio au talent époustouflant.
Enrico Oliveri (Toni Servilio) leader de l’opposition, est déprimé : les sondages sont mauvais et les élections proches se présentent mal pour lui. Il disparaît alors sans laisser d’adresse, plongeant son entourage dans l’embarras. C’est son épouse qui trouve la solution : faire appel à son frère jumeau, philosophe de son état affligé d’une maladie bipolaire.
Giovanni (aussi Toni Servilio) relève brillamment le défi et, en quelques jours, devient très populaire : orateur habile, il s’appuie sur sa culture philosophique pour développer une fantaisie utopiste qui ne manque pas de séduire son public. Surtout il est aussi enjoué que son jumeau était sérieux et réenchante la relation à son électorat.
Adaptant son propre roman « Le trône vide », Robert Ando nous propose une comédie politique réjouissante. Le thème du kagemusha n’est pas nouveau au cinéma mais le réalisateur le met ici à la sauce italienne, savoureuse parce que s’appuyant sur un Toni Servilio au talent époustouflant. Sacré meilleur acteur européen pour La Grande Bellezza de Paolo Sorrentino, l’acteur incarne ici chacun des deux frères avec brio.
Cette pochade n’a pas l’ambition d’une fable politique et son charme tient à la légèreté du propos. Pas de satire de la part de cet original qui ne ridiculise pas la fonction politique mais démontre tout au plus qu’elle a besoin d’humour et d’idéal. L’intrigue s’essouffle un peu avec la parenthèse parisienne où Enrico retrouve un amour de jeunesse (Valeria Bruni Tedeschi). Mais le spectateur gardera en mémoire quelques scènes rafraîchissantes comme la rencontre du député avec la chancelière qui se transforme en élégante scène de danse.
Michèle Debidour