de Marie-Noëlle Gougeon
Semaine du 8 au 15 octobre
«Mommy » de Xavier Dolan (2014. 2H15)
Avec Antoine-Olivier Pilon, Anne Dorval, Suzanne Clément.
Scotchée, littéralement scotchée par un tel film. Mommy est le sixième long métrage de Xavier Dolan, jeune cinéaste québécquois de seulement 24 ans. Et on reste sidérée par une telle maîtrise à la fois au niveau du scénario, de la réalisation, de la direction d’acteurs.
Mommy raconte les rapports on ne peut plus difficiles et violents entre Steve, un ado de 16 ans atteint de troubles du comportement et sa mère Die, « Mommy », veuve et dépassée par ce fils que plus personne ne veut accueillir. Et elle-même, passablement « borderline »
Rentré chez lui après un séjour en centre fermé, il la provoque, lui mène la vie dure mais en même temps lui montre un amour exclusif et passionnel.
Une jeune voisine, devenue quasi aphasique après la mort de son petit garçon va se prendre d’amitié pour lui, essayer de lui donner quelques cours particuliers.
Mais les virées au supermarché virent au pugilat. Criblée de dettes à cause des accidents provoqués par son fils, Die lâche prise et prend une terrible décision
D’où que l’on prenne ce film, on est obligé de lui accoler des superlatifs tant il bouscule les codes classiques des autres films : la jeunesse de ce réalisateur promis à une carrière magistrale, l’interprétation éblouissante de ces trois acteurs fétiches (A-O Pilon, A Dorval et S. Clément) les cadrages impeccables qui scrutent les visages, les lieux, les choses. Et le sujet : comment aimer bien sans aimer trop, quand on est une mère face à un fils difficile.
L’histoire est violente et les empoignades ne manquent pas entre la mère et le fils mais sont toujours suivies de grands moments de tendresse fragiles, fugaces. L’émotion affleure constamment mais une émotion jamais mièvre, toujours juste. Une bande son minutieusement choisie et déchirante parfois accompagne les battements et les emportements du coeur de ces trois personnages.
Le fil est toujours prêt à se rompre. La vie se joue parfois à presque rien. Le film montre justement ce moment, l’instant du croisement de nos routes. De quel côté celle de Steve basculera-telle ?