de Pierre Jolivet
avec Olivier Gourmet, Valérie Bonneton, Julie Ferrier.
(Français 1h35)
Chroniques cinéma de Marie-Noëlle Gougeon
Un polar social, dans lequel Olivier Gourmet, ancien syndicaliste, ne se résout pas à l’injustice. Le film est sombre, au plus près de la réalité de certaines banlieues, et en même temps plein de dignité.
Franck, la cinquantaine, a été un syndicaliste engagé et dur sans doute dans les négociations. Au finish, il a été licencié et se retrouve au bout de 10 ans de galère, veilleur de nuit dans un petit centre commercial paumé de banlieue. Il vit seul, dans un appartement aussi fatigué que lui et dort le jour, dans une lumière blafarde, la bouteille de gin pas très loin de lui
En faisant sa ronde, il a bien remarqué un 4×4 noir qui rôde et a découvert que son collègue de garde fricote avec deux loubards propriétaires de la voiture. En discutant avec Ketu, le vigile de la banque du centre commercial, africain, il découvre aussi la vie de ces immigrés venus chercher un peu d’argent en France.
Franck vit et pense au jour le jour comme si son esprit ne voulait plus réfléchir. Sa vie s’écoule banalement, aussi tristement que cette banlieue grise, mouillée, blafarde au petit matin quand il rentre chez lui. Mylène, sa conseillère du centre social lui donne des marques de sympathie et une relation amicale commence entre eux. Elle-même connaît des fins de mois difficiles avec deux enfants à charge et déjà plus d’argent le 15.La galère est pour tous. Etienne, son ancien copain syndicaliste pousse des caddies.
Ce que Franck pressentait arrive. Ketu s’est fait harcelé par les voyous pour qu’il donne les codes d’accès à la banque. Il le retrouve chez lui, grièvement agressé. Alors, en Franck ressurgit celui qui défendait le droit, la justiceIl va dans un sursaut faire un geste héroïque retrouvant alors sa dimension d’homme debout.
Pierre Jolivet avait déjà réalisé des films à caractère social ( Ma petite entreprise ). Avec ce film, il choisit un polar social qui mêle le rythme de l’intrigue à la peinture d’un quartier, de gens englués dans leurs soucis mais finalement où le rêve de s’en sortir existe encore sous le poids de la vie. Il suffit d’une circonstance, d’un élan de vie, d’un sursaut.Pour ne pas sombrer.
Pierre Jolivet a réussi l’équilibre entre ces deux genres, grâce à un rythme soutenu tout au long du film.
Il réussit aussi bien les séquences intimes que celles du quotidien ou les poursuites en voiture
Le film baigne dan ces lumières du petit matin, celle des néons du parking, du centre où l’on voit les ados désœuvrés qui tournent en vélo.
Olivier Gourmet est impressionnant en homme blessé et qui tait au fond de lui tous ses rêves sociaux étouffés par la vie. A la fois dur, fermé mais au désir pas tout à fait éteint. Un très grand comédien..
La rencontre avec Mylène lui entrouvre une autre vie possible, en rêve si ce n’est en réalité. Son acte de bravoure changera peut-être la donnes’il s’en sort.
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