Les Anarchistes de Elie Wajeman
avec Tahar Rahim et Adèle Exarchopoulos
Drame français (1h41).
Une histoire de fou de R. Guediguian
avec Ariane Ascaride, Simon Abkarian
Drame français. (2h14).
La révolte et la violence sont le dénominateur commun de ces deux films où la jeunesse tient le 1er rôle. Si le 1er « Les anarchistes », brillant au niveau de la réalisation, dépeint surtout une passion amoureuse, le second, « Une histoire de fou » défend avec passion et convictions la cause arménienne. En écho, tous les deux deviennent une étonnante réflexion sur le terrorisme d’aujourd’hui.
Ces deux films sortent le même jour (le 11 novembre) et cette temporalité est une invitation à les regarder dans un même mouvement
« Les anarchistes » se passe en 1899 à Paris. Jean Albertini, orphelin, policier, se voit proposer d’infiltrer un groupe d’anarchistes. Il accepte, pensant monter en grade. Bien vite, il se trouve emporté par la vie fraternelle et communautaire de la bande qu’il est sensé espionner. La présence de Judith dont il tombe vite amoureux viendra encore brouiller ses engagementsMais le groupe d’anarchistes passe à la lutte armée. Tout change
« Une histoire de fou » raconte l’histoire dans les années 70, d’une famille à Marseille, ayant fui l’Arménie dans les années 20. La jeune génération se rebelle contre les parents qui ont baissé les bras. Aram, le fils, radical, veut se battre. Il effectue des attentats en France contre des dignitaires turcs et blesse involontairement un français. Obligé de fuir, il part à Beyrouth, là où les mouvements de libération se côtoient (palestiniens, arméniens etc..). Sa mère, (Ariane Ascaride bouleversante en mère courage) fera tout pour aller le chercher. Dans une démarche un peu « folle » elle retrouve le jeune français que son fils avait rendu handicapé. Tous les deux partent pour le Liban.
Ne cherchez pas dans le film d’Elie Wajeman une analyse sociopolitique du mouvement anarchiste. Son propos est ailleurs. « Les anarchistes » est surtout le prétexte d’un film sur une jeunesse perdue, sans famille, ou en rupture avec son milieu. Elle se bat contre un système, une police musclée à coups de textes enflammés qu’ils déclament dans des arrière salles de café enfumées. Les anarchistes est brillamment réalisé, (montage serré, gros plans, qualité de la reconstitution) mais c’est dans la direction d’acteurs que le jeune réalisateur excelle le mieux. On reparlera sans doute de Swann Arlaud ou de Guillaume Gouix. Ils apportent à leurs rôles toute la fougue et la passion de la jeunesse comme Adèle Exarchopoulos frêle et forte à la fois. Elle forme avec Tahar Rahim un vrai couple de cinéma.
On retrouve dans une Histoire de Fou cette volonté de se battre pour une cause. Pour Aram, c’est la cause arménienne, née il y a un siècle dans l’embrasement du Moyen-Orient. Il y perdra la vie tout comme aujourd’hui d’autres jeunes qui embrassent une autre forme de terrorisme dans cette même région. Aram lui, vit dans une famille aimante et sa mère fera tout pour aller le chercher dans ce Beyrouth en guerre. Et on ne peut s’empêcher de penser à ces familles ne comprenant plus leurs enfants partis aujourd’hui en Syrie ou ailleurs épousant une cause perdue
Robert Guédiguian, réalise une belle fresque chaleureuse, humaniste, à la gloire du pays de ses ancêtres : l’Arménie. Il n’oublie pas ses idées révolutionnaires et signe une surprenante dédicace à la fin de son film :
« Pour mes camarades turcs, en honneur des combats partagés ».
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