de Joaquim Lafosse
Avec Vincent Lindon, Louise Bourgoin, Valérie Donzelli, Reda Kateb.
« Les chevaliers blancs » illustre la difficulté de l’aide au développement, quand les bons sentiments ne suffisent pas et que la corruption éclabousse une opération. Vincent Lindon apporte sa force de conviction à ce film utile et bien réalisé
Jacques Arnault, président de l’ONG « Move for kids », a convaincu des familles françaises en mal d’adoption de financer une opération d’exfiltration d’orphelins d’un pays d’Afrique dévasté par la guerre. Entouré d’une équipe de bénévoles dévoués à sa cause, il a un mois pour trouver 300 enfants en bas âge et les ramener en France. Mais pour réussir, il doit persuader ses interlocuteurs africains et les chefs de village qu’il va installer un orphelinat et assurer un avenir sur place à ces jeunes victimes de guerre, dissimulant le but ultime de son expédition…
« Les chevaliers blancs » est inspiré de l’histoire de « L’arche de Zoé » cette association menée par un couple d’humanitaires français qui avaient eu à peu près la même démarche et avaient écopé de peines de prison revenus en France.
Au départ, Jacques Arnault était sans doute ému par le sort des orphelins des guerres au Sahel. Il a voulu sauver la vie de plusieurs d’entre eux et combler ces familles qui en France, attendaient un enfant. Mais bien vite, sa mégalomanie, son aveuglement l’ont entraîné dans une sorte de spirale dont il ne pouvait sortir que par des subterfuges. La fin de l’histoire le ramènera à la réalité.
Joaquim Lafosse a eu la bonne idée de se démarquer de la figure connue des dirigeants de l’association française en choisissant Vincent Lindon pour incarner le chef de l’ONG.
Plus âgé, plus expérimenté semble-t-il, on ne l’identifie pas forcément à un bourlingueur irresponsable ou intéressé. Le réalisateur oriente davantage le film sur la problématique de l’aide humanitaire dans son ensemble, la question de la pauvreté, de l’éducation provoquant au sein de l’équipe, interrogations et tensions. La réalisatrice TV qui se voulait objective, neutre, se laisse attendrir par le sourire d’un enfant qu’elle veut ramener en France ! L’autochtone qui les avait mis en contact avec les habitants du village refuse d’aller plus loin dans cette mascarade.
Les parents africains ne poursuivent qu’une idée : que leur enfant aille à l’école et obtienne un métier. C’est donc, une aide au développement qu’ils demandent et pas un assistanat, pire, l’enlèvement de leur enfant. De l’aide oui, mais pas à n’importe quel prix.
Le film montre aussi toute l’ambivalence des protagonistes : l’attitude de certaines ONG qui voit l’Afrique comme un terrain d’aventures en dehors de toute réglementation utilisant des bakchichs que des chefs de village ou des responsables gouvernementaux acceptent sans scrupules.
Vincent Lindon est une boule d’énergie au service d’une cause dévoyée. Il se bat contre lui-même autant que contre les réglementations et son projet qui lui échappe. Louise Bourgoin, sa compagne assiste impuissante à la lente agonie de leur aventure. La vie de cette ONG est bien rendue entre attente au bivouac et actions coup de poing.
Morale de l’histoire : Les bons sentiments ne suffisent pas à aider vraiment celui qui a faim et soif.
Marie-Noëlle Gougeon
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