de Mia Hansen Love
avec Isabelle Huppert, André Marcon, Roman Kolinka.
Drame français. (2016) 1h40.
Si Mia Hansen Love sait filmer au point d’avoir obtenu l’Ours d’argent de la meilleure réalisatrice pour ce film, on n’accroche pas vraiment à cette histoire de professeur de philo en plein désarroi. Isabelle Huppert ne donne pas assez de chair à ce film intello malgré une justesse des thèmes abordés.
Cela commence par un piquet de grève devant un grand lycée parisien. Des élèves manifestant contre une loi-retraite, s’en prennent à une femme pressée, c’est leur prof de philo. Celle-ci est étrangère à toute cette agitation. Pour elle, seuls existent la passion de la philosophie, les textes des grands auteurs, la transmission à ses élèves les plus mordus. Nathalie, c’est son prénom, enseigne depuis une trentaine d’année. Elle est mariée à un autre professeur dont elle a deux grands enfants. Le reste de sa vie se passe entre une mère vieillissante et possessive et les livres qu’elle écrit.
Son avenir est tout tracé semble-t-il. Et pourtant, tout bascule.
Son mari la quitte, les difficultés de sa mère se multiplient entraînant son placement en maison de retraite. Enfin, son éditeur lui fait comprendre que les exigences du service marketing l’obligent à revoir leur collaboration et à stopper la parution de son prochain manuscrit.
Seul rayon de soleil dans cette tempête émotionnelle : Fabien, un ancien élève brillant qui préfère partir dans le Vercors élever des chèvres plutôt que de passer sa thèse et avec qui Nathalie ressent une certaine complicité.
Mia Hansen Love est une jeune réalisatrice franco-danoise qui a obtenu pour ce film l’Ours d’argent de la meilleure réalisatrice lors de la dernière Berlinale.
C’est vrai que l’Avenir se laisse regarder sans déplaisir, les plans sont bien construits, l’histoire se déroule avec beaucoup de fluidité, les thèmes des scènes sonnent justes.
Il n’empêche : cette histoire de femme à la croisée des chemins, qui doit faire face à des ruptures sentimentale et professionnelle, une remise en question de sa passion pour son métier, le désarroi de la mort de sa mère n’arrive jamais à nous accrocher vraiment. On a l’impression qu’elle vibre davantage pour les idées et les mots que pour la vie et les êtres qui l’entourent.
Et si l’on voulait être vraiment cruelle, on dirait que le film est une suite d’entrées et de sorties d’appartements, entrecoupées de quelques énoncés conceptuels. Seules les séquences dans le Vercors, au sein de la communauté où Fabien vit donne un peu de vie à ce long métrage autocentré. Nathalie balade le chat de sa mère de Paris en Bretagne, de St Malo dans le Vercors et on se sent un peu comme lui, balloté de lieux en lieux. Au point que la contemplation des intérieurs « cosy » de cette enseignante nous captive davantage que les propos échangés !
Le choix de vie que fait Nathalie à la fin est pourtant aux antipodes de ce qu’elle a connu auparavant. Elle se libère et découvre peut-être enfin, les joies simples de son âge en donnant libre cours à sa personnalité. On aurait aimé que ce « lâcher-prise » se déroule plus tôt.
Isabelle Huppert est une formidable comédienne mais ici il lui manque une étincelle, une vitalité, une façon d’habiter le rôle. On ne voit qu’une petite dame au dos voûté, au corps sec et au regard sans affection véritable. André Marcon, qui joue son mari a l’air de s’ennuyer.
On devrait retrouver bien vite Roman Kolinka, le fils de Marie Trintignant qui tient le rôle de Fabien. C’est la seule bonne découverte du film.
Marie-Noëlle Gougeon
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