Stupid Things

Un film de Amman Abbasi

Etats-Unis – 2017 – 1 h 15

Son prénom, Dayveon. Son surnom, Day-Day. Et parfois même, tout simplement D ! En somme, à juste 13 ans, quelqu’un de pas très important.

Sans son père et sans sa mère, recueilli par sa soeur Kim, et par Bryan son beau-frère, Dayveon vit dans le souvenir douloureux d’un frère mort dans des conditions probablement très violentes, et ne reçoit qu’un peu de réconfort de la fréquentation d’un ami de son âge.

Traînant son oisiveté et son ennui sur la selle de son vélo, parcourant des routes désertes où toute vie semble absente, Day-Day se répète à l’envi que tout ce qui l’entoure est stupide.

C’est en se faisant accepter dans la bande des « Blood », au prix d’une épreuve d’initiation particulièrement violente, que Day-Day semble enfin trouver des raisons d’exister. Mais une telle initiation, au sein d’un tel groupe, ne se fait pas gratuitement, et Day-Day va vite découvrir le prix à payer pour être digne de la bande, et devenir un  véritable « Blood ».

Premier long-métrage d’Amman Abbasi, très jeune réalisateur américain d’origine pakistanaise Stupid Things déroule son histoire au coeur de l’Amérique profonde, en Arkansas, Etat qu’Abbasi connaît bien, et qu’il filme avec une parfaite maîtrise, concentrant son travail sur la communauté noire, tout personnage blanc étant absent du film.

La solitude de Day-Day, la tristesse qui ne cesse de l’accompagner depuis la mort de son frère (Frère dont le souvenir est constamment rappelé par un poster collé sur un mur de la maison), son attirance vers la bande vénéneuse des Blood, ses aînés, donnent au personnage et au film, une ambiance de mélancolie et d’inquiétude, à laquelle répondent les images nocturnes et les couleurs souvent sombres de la photographie.

Contrairement à A Ciambra, film italien récent qui mettait en scène avec beaucoup de complaisance un jeune gitan calabrais délinquant (A peu près l’âge de Day-Day), le film d’Amman Abbasi offre, par une scène finale très forte et très émouvante qui met face à face Day-Day et Bryan son beau-frère (Image du grand frère de nos banlieues), une ouverture vers une certaine rédemption, une ouverture vers une vie plus paisible, sans armes et sans mauvaises fréquentations.

Belles performances d’acteurs non professionnels, en particulier, celle du tout jeune Devin Blackmon, dans le rôle de Dayevon / Day-Day.

Pierre QUELIN.

 

 

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