Cinéma – Jerico

Un film de Catalina Mesa

Colombie – 2016 – 1 h 17

« Comme mon humble Jerico est beau

Serti dans le soleil de la montagne.

Les monts bleutés frôlant l’infini

Et l’infini entrant dans les chaumières ».

S’inscrivant dans un ciel d’un bleu superbe, ces quatre vers d’un poème d’Olivia Sossa de Jaramillo ouvrent Jerico, le film colombien de Catalina Mesa.

Descendante d’une famille originaire de la ville de Jerico, Catalina Mesa quitte sa Colombie natale à l’âge de 18 ans, pour fuir la violence qui gangrène alors son pays: violence des cartels de drogue, violence de la guerre civile entre les forces gouvernementales et les FARC, Forces Armées Révolutionnaires de Colombie. D’abord exilée aux Etats-Unis, elle décide ensuite de s’installer en France où elle réside actuellement.

 

Se souvenant de tout ce que Ruth, sa grand-tante lui a raconté quelques mois avant de mourir, se souvenant de tout ce qu’elle lui a dit alors qu’elle était petite fille, Catalina Mesa décide de rencontrer les vieilles dames de Jerico pour les écouter raconter leurs vies, leurs jeunesses, leurs amours, leurs joies, leurs peines. Le fruit de cette enquête, c’est un film, Jerico, premier long-métrage réalisé par Catalina Mesa.

Dans les rues de Jerico, avec les façades des maisons aux couleurs éclatantes, dans les intérieurs où de multiples objets s’offrent à notre regard comme autant de souvenirs conservés de générations en générations, des vieilles dames vivent pleinement leur présent tout en égrenant les souvenirs de leur passé. Formidables conteuses, philosophant à l’occasion, délivrant sentences et aphorismes remplis de finesse et d’humour, elles révèlent toutes un profond attachement à la religion qu’elles manifestent de différentes manières, n’hésitant pas à s’adresser avec une puissante autorité au Bon Dieu et à ses Saints !

Aucun misérabilisme dans ces témoignages venant du fond du coeur et de l’âme. De la nostalgie certes, sur ce qui aurait pu être réalisé et qui ne l’a pas été…. Mais aussi une manière subtile de ne pas se prendre trop au sérieux.

En somme, des femmes qui suscitent au travers de leurs récits autant d’émotions que de rires et de sourires. Et en fin de compte, un profond sentiment de sympathie.

Esthétiquement, le film flatte constamment l’oeil par son ruissellement de couleurs vives, mais aussi l’oreille par les chants et les musiques typiquement sud-américaines  qui accompagnent ce voyage à Jerico.

Catalina Mesa a bénéficié de la collaboration de la grande concertiste afro-colombienne, Teresita Gomez, qui lui a offert les superbes interprétations au piano que l’on entend dans le film.

Une petite ville au coeur de la montagne colombienne, des maisons multicolores, des intérieurs remplis de souvenirs, et des femmes dans leur grand âge, pleines de vie, pleines de joie de vivre. Tout cela fait de Jerico un premier film très attachant, complètement réussi, traduisant un vrai talent de cinéaste au service d’elle belle ode à l’optimisme et à la beauté de la vie.

Terminons en rappelant que le film est sous-titré L’Envol infini des jours, en référence à une déclaration de Catalina Mesa où elle dit que

« C’est dans le quotidien que se révèlent et se content ses infinis, sa vie intime, ses amours et ses secrets ».

Pierre Quelin

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Olivia Sossa de Jaramillo

 

Teresita Gomez

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