Un film de Laure de Clermont-Tonnerre – Etats-Unis – 2019 – 1 h 36.
Perdu dans l’immensité des déserts de l’Ouest américain, un pénitencier. Tout autour, en liberté, et toujours à l’état sauvage, des troupeaux de chevaux Mustangs.
Le film de Laure de Clermont-Tonnerre, cinéaste française installée aux Etats-Unis, raconte la rencontre entre un détenu, Roman, et l’un de ces Mustangs, qui recevra le nom de Marquis.
La raison de l’incarcération de Roman, nous l’apprendrons au cours du film. Ce que nous découvrons rapidement, à l’occasion d’un échange avec la personne chargée de sa probation, c’est que Roman est un homme méfiant, mutique, complètement renfermé, maîtrisant difficilement la violence qui semble toujours l’habiter.
Violence presque animale, qui renvoie à celle que l’on constate chez les chevaux, une fois qu’ils ont été capturés, et qu’ils se retrouvent eux aussi privés de liberté, enfermés dans des écuries et dans des enclos, loin des grands espaces…..
Un vieux cow-boy, rattaché au pénitencier, et responsable du troupeau des Mustangs (Interprétation magistrale de Bruce Dern !!), va offrir à Roman l’opportunité d’une resocialisation, en lui confiant le dressage d’un cheval en vue de sa vente aux enchères. Vente traditionnelle dans ce pénitencier, qui conduit à se faire rencontrer, le temps d’une journée, prisonniers et habitants de la région, et qui prend la forme d’un véritable spectacle de rodéo.
Le film alterne les séquences montrant d’une part les détenus à l’intérieur du pénitencier, confrontés à la promiscuité, aux trafics, à la violence, et d’autre part, les scènes de dressage qui mettent face à face l’homme, Roman, et le cheval, Marquis. S’y ajoutent quelques scènes de parloir, où Roman rencontre sa fille enceinte, rencontres où les postures, les regards, les silences, en disent plus long que tous les discours.
La grande qualité du film tient tout d’abord à cette histoire qui, partant de l’idée classique, au cinéma comme dans la vraie vie, du soutien que l’animal peut apporter à l’homme, en donne une déclinaison très originale, placée sous le signe de la confrontation de deux insoumis, habités l’un et l’autre par la violence d’une liberté confisquée.
Interprétation tout à fait impressionnante de Matthias Schoenaerts (Roman), tout d’un bloc, amené à affronter dans un même mouvement le cheval qui lui a été confié, et le vieux cow-boy, déjà cité, qui l’accompagne, le conseille, le rudoie, mais finalement l’aime et le respecte.
Roman (Matthias Schoenaerts) et Marquis.
Superbe esthétique du film (Le tout premier long-métrage de Laure de Clermont-Tonnerre !), magnifiquement mise en valeur par une belle photographie, servant tout autant les scènes à l’intérieur de la prison, que les envolées vers les magnifiques paysages désertiques du Nevada. Tonalité très chaude des couleurs, dominées par l’ocre de la terre, le brun de la robe des Mustangs, l’orange de la combinaison des détenus.
Belle réussite donc, avec, une fin qui abandonne la dureté présente tout au long du film, pour se tourner vers un peu d’espérance et de tendresse. Et une scène finale presqu’onirique, d’où n’est pas exclu un vrai sentiment d’amertume.
Pierre Quelin.
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Bruce Dern.
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