Un film de James Gray – Etats-Unis – 2019 – 2 h 03
Un futur très, très lointain… La conquête spatiale a pris une ampleur absolument phénoménale. La lune est devenue une banlieue de la Terre, à moins que ce ne soit l’inverse. La lune, on peut y aller très facilement, comme on le fait aujourd’hui, par exemple, à l’occasion d’un voyage de la France vers les Etats-Unis.
On découvre que l’espace lunaire a été complètement investi par l’homme, et que les marchands n’ont pas tardé à y trouver une place pour y faire des affaires. Les enseignes de Starbucks et d’UPS sont là pour nous l’indiquer. Et cette conquête va bien au delà de notre satellite, puisque l’on apprendra que l’homme a pu gagner des espaces intersidéraux à priori inimaginables, jusqu’à atteindre Saturne et ses anneaux !
C’est dans ce contexte que le major Roy McBride (Brad Pitt), se voit confier la mission de tous les dangers: retrouver son père, astronaute comme lui, disparu lors d’une mission spatiale il y a de nombreuses années, qui serait toujours vivant, et qui ne serait pas étranger au déclenchement de phénomènes électriques qui viennent de se produire sur la Terre, et qui ont même failli coûter la vie à Roy lors d’un entraînement.
Le film va nous raconter cette périlleuse odyssée, émaillée de nombreuses péripéties, où le danger est omniprésent, et où la façon de le conjurer ne peut être le fait que d’hommes super motivés et entraînés, presque des surhommes.
Depuis ses tout premiers films, Little Odessa et The Yards, on connait le talent de James Gray, formidable raconteur d’histoires, mais qui sait toujours parfaitement associer au spectaculaire de ses mises en scène, une attention particulière et de tous les instants à ses personnages, les décrivant au coeur de leur humanité et de leurs réactions psychologiques.
Ad Astra illustre parfaitement cette approche, au travers du parcours de Roy, formidablement campé par un Brad Pitt en pleine forme. Taiseux, renfermé, Roy va nous délivrer ses ressentis par le canal de sa voix en off, procédé particulièrement bien choisi pour nous faire entrer dans la tête du personnage, et découvrir l’état de ses sentiments. Le timbre de la voix de Brad Pitt, et la façon qu’il a de s’exprimer sont particulièrement bien mis en valeur par la bande son, et constituent une vraie richesse du film.
Un film qui brille par la qualité de sa narration, avec ses rebondissements, ses moments de suspense, ses temps de calme et de silence. Mais aussi par la beauté de son esthétique qui confirme à nouveau que les espaces intersidéraux sont formidablement « cinégéniques ».
Ad Astra n’est pas seulement un beau film qui réjouit les sens. C’est aussi une oeuvre qui par son humanité parle au coeur, à l’esprit et à l’âme. Par ce qu’il nous dit sur les relations que Roy a pu nouer avec son père quand ils étaient l’un près de l’autre, et sur les sentiments qui l’habitent au moment où démarre sa mission, le film va bien au delà d’un simple divertissement, certes complètement abouti. Il baigne constamment dans une atmosphère de véritable spiritualité, par les questions qu’il pose sur la présence humaine dans l’au-delà, sur un inconnu qui nous interroge et qui nous dépasse. Mais aussi spiritualité où la foi n’est pas absente, comme en témoignent quelques discrets épisodes, qui ne passent cependant pas inaperçus: on invoque Saint Christophe avant de se lancer dans une mission périlleuse, et lorsqu’un astronaute trouve la mort, on prend le temps de confier son âme à Dieu.
Un réalisateur, James Gray, au sommet de son art, un comédien, Brad Pitt, particulièrement inspiré, une histoire à laquelle on s’accroche tout au long des deux heures du film, une esthétique absolument superbe: quatre raisons qui font d’Ad Astra une des plus belles expériences cinématographiques de ce début d’automne 2019.
Pierre Quelin
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