de Cédric Klapisch
France, 1h49, 2010.
Sortie en France le 16 mars 2011.
avec Karin Viard, Gilles Lelouch.
Conte de fées contemporain entre un prince très riche et une femme de ménage au chômage, ou portrait acide de la lutte des classes sous l’ère Sarkozy ? Une comédie un peu trop molle pour être convaincante.
Cédric Klapisch a souvent de bonnes idées mais parfois il n’est pas tout à fait à la hauteur de nos espérances de cinéphile exigeant … S’il y a de jolis moments de cinéma dans Ma Part du gâteau, on reste dubitatif sur le fond. Un trader, jeune homme en costume cravate, les poches pleines de billets à 3 chiffres, rencontre une femme de ménage, mère de famille au chômage, doublement débarquée de Dunkerque et de son usine en faillite.
La différence sociale est un bon facteur comique et les acteurs sont à la hauteur. Gilles Lelouche pour le jeune homme, cynique, sûr de lui, fonceur. Karin Viard, la paire de gants en plastique bleu, tablier assorti, la gouaille et le bon sens. Mais très vite les choses dérapent. On quitte Dunkerque pour s’installer dans le luxueux appartement du trader, Steve (parce que Stéphane, ça fait un peu trop franchouillard) qui embauche France, venue trouver du boulot à Paris pour nourrir ses trois filles. Et une fois installé chez les riches, le film y reste !
Finie la chronique chaleureuse de la vie à Dunkerque où il faut jongler avec un porte-monnaie au régime pour payer les factures d’électricité. A Paris, les femmes sont plus jolies, les restaurants plus raffinés, la poussière moins collante, les fins de mois plus joyeuses. Au fil des jours, France change insidieusement sa façon de s’habiller, passe des savates aux talons aiguilles et des blouses à fleurs aux petits hauts transparents. L’actrice reprend le pas sur son personnage, le film n’est plus qu’une comédie ordinaire.
Certes, Cédric Klapisch ne veut pas faire du reportage et part de la réalité pour faire du cinéma mais on aurait aimé une comédie un peu plus sociale, un peu plus grinçante que cette Part du gâteau trop douce, trop sucrée. Certes, les riches gagnent toujours et, certes, les pauvres se font toujours avoir mais on a, par moment, l’amère impression que c’est un peu de leur faute
Heureusement, la dernière scène est un beau moment de cinéma, les acteurs à nouveau complètement dans leurs personnages, la tension palpable, l’ambiance où peut surgir le drame tout à fait réussie et la caméra s’arrête juste quand il faut, sans trop en dire, laissant chaque spectateur entrer dans le film et goûter sa Part du gâteau.
Magali Van Reeth