Un peu moins de 200 personnes, installées en arc de cercle devant la chaire sous laquelle un clavecin, copie d’un instrument prestigieux que Bach aurait pu toucher. La mise en lumière de la chapelle de l’Hôtel Dieu en rajoute à l’intimité dans laquelle, pendant près de deux heures, Pierre Hantaï nous reçoit. Il est chez lui, non en ces lieux, mais en cette musique, le programme, le jeu qu’il offre. On ferme les yeux, et l’on se croit, avec quelques amis, conviés à un concert privé, pourquoi pas chez le Cantor lui-même. Comment est-il possible économiquement de permettre une telle proximité, loin des salles à plusieurs milliers de spectateurs, qui plus est pour un prix modique, vingt euros ? Un immense merci aux organisateurs.
L’acoustique est parfaite, et l’on n’entend quasiment pas ceux qui, aux terrasses sur la place mangent et boivent. Dans la nef, on est embarqué comme pour Cythère, plaisir amoureux où la chair n’est qu’ouïe, jouissance de la construction mathématique des compositions de Bach, extase où conduit une musique si « simplement » raffinée, enivrante, suave. Le corps tout entier est à la fête.
Le jeu de Pierre Hantaï est tour à tour endiablé ou réconfortant, danse effrénée ou mélodie reposante, réconfortante. C’est avec lui que s’est achevé ce 21 mai le festival May be Bach, sous la houlette d’un collectif d’artistes, les Saôneurs. Depuis le début du mois, des concerts pour faire entendre quasi exclusivement des œuvres de Bach à Lyon. On attend avec impatience la prochaine saison.