Oxygène

de Hans Van Nuffel

Belgique, 1h38, 2010.

Prix œcuménique au Festival de Montréal 2010, prix du public au festival d’Amiens 2010.

Sortie en France le 12 octobre 2011.

avec Stef Aerts, Wouter Hendrickx, Marie Vinck Anemone Valcke.

Contraint par la maladie de vivre en sursis et en retrait, un jeune homme fonce dans la vie, cherchant le souffle et l’espérance qui lui font tant défaut.

Atteint d’une maladie qui limite fortement son espérance de vie, Tom tente d’échapper au quotidien de l’hôpital et de la maladie. En rêvant de belles voitures, en s’engueulant avec son frère, en courant sur la plage, en fréquentant de mauvais garçons, signes à  ses yeux d’une précieuse normalité Ses parents font ce qu’ils peuvent, l’entourage aussi. oxygene2.jpg

Le jeune réalisateur belge Hans Van Nuffel colle à  la trajectoire de Tom, interprété avec beaucoup d’aisance et de conviction par Stef Aerts. Pas de misérabilisme ni d’apitoiements, Tom fonce tête baissé dans le cadre, quitte à  trébucher dans une historie d’amour, comme tout le monde en somme. A travers ce personnage condamné par son physique mais dont la personnalité brûle de désirs et d’envies, Oxygène pose des questions existentielles : comment avoir du souffle quand on en manque tant ? Comment vivre quand il n’y a pas d’espérance ?

Présenté en 2010 en compétition officielle au 34ème Festival des films du monde de Montréal, sous son titre flamand, Adem y a reçu le prix oecuménique :

« Adem, le « souffle » en français, est donné à  tous pour vivre. Adem est une bonne dramatisation d’une question très importante : le besoin de donner un sens à  sa vie, l’espoir de vivre que nous partageons tous, que nous soyons en bonne santé ou pas. Le film est porteur de la condition humaine, il présente une histoire nouvelle, se distingue par ses qualités artistiques, par son apport au progrès humain et à  la reconnaissance de valeurs éthiques, sociales et spirituelles. Il fait la promotion du bonheur dont il reconnaît la fragilité. Le désir de vivre et d’aimer est un rappel que nous sommes tous mortels. Le concept chrétien de la fidélité domine, fidélité des parents, des amis, dont le soutien indéfectible amène le personnage principal à  être fidèle à  sa propre vie. »oxygene3.jpg

Quelques mois plus tard, en novembre 2010, au Festival d’Amiens, Hans Van Nuffel recevait le prix du public.

Magali Van Reeth

Signis

AINSI SOIT-IL

Si vous voulez savoir ce qu’est un véritable amateur d’art, promenez-vous au milieu des œuvres rassemblées par Antoine de Galbert, à  qui le Musée des Beaux Arts de Lyon donne carte blanche, en écho à  la Biennale d’Art Contemporain jusqu’à  la fin de cette année 2011.

Ainsi soit-il

Tel est le titre donné par ce collectionneur. Rien de religieux, nous affirme-t-il, encore que C’est ainsi que je vois le monde

Le voyage mental que j’effectue depuis de longues années se situe dans le culte de l’objet et la trace de l’homme, non dans l’histoire de l’art.

Des œuvres d’hier et d’aujourd’hui se côtoient et se répondent dans une scénographie qui rappelle le Musée Imaginaire de Malraux à  la Fondation Maeght en 1973 : correspondances des formes, des thèmes, des couleurs

Les artistes d’aujourd’hui dialoguent avec les œuvres d’hier ; pas de césure, pas de cassure, mais des changements, des transformations. Certes, la place de l’artiste dans nos sociétés s’est modifiée, mais comme le monde autour de nous, comme tout le monde.

Des reliquaires du XVIIIème face à  la croix de Jan Fabre (1999), car « vous allez tous mourir » nous écrit en lettres de feu Claude Levêque (2001), l’espérance ne tient qu’à  un fil nous dessine Jean-Michel Alberola (2009). Après l’évocation de la mort, celle du désir, des sentiments exacerbés jusqu’à  la folie : l’envie peint par Géricault (XIXème), l’angoisse par Rainer (1973), des photographies d’Antonin Artaud et de Kinski ; et puis la décadence avec la Bacchanale par Louis Cretey (XVIIème), le déluge de Jean-Désiré Court (XIXème), des photographies de Bagdad bombardée (2003) et des explosions atomiques (1945), et pour finir un studio de télévision dévasté (2006)

Tout se fait écho : hier et aujourd’hui, là -bas et ici, l’autre et moi, le sublime et le vil, l’ancien et le moderne, le luxuriant et le minimal !

Allez battre au rythme du cœur de l’artiste Christian Boltanski (2005), après vous être regardé lire dans un miroir que tout ce que vous verrez là  est création, comme Dieu seul sait créer, nous écrit Ben dès l’entrée en guise d’avertissement (1980). Tout un art !

Site de l’exposition Musée des Beaux Arts de Lyon

La sélection des œuvres réunies pour l’exposition Ainsi soit-il invite le lecteur loin des sentiers battus à  un cheminement intérieur sur le thème des croyances et de la magie, de la folie et de la déraison, de la vie et de la mort, du corps et de l’âme, et se livre comme une tentative d’autoportrait du collectionneur.
(catalogue)

11ème Biennale d’Art Contemporain de Lyon

une terrible beauté est née !

Encore une belle édition de la Biennale d’Art Contemporain de Lyon, la 11ème, qui, jusqu’à  fin décembre 2011, donne à  voir, toucher, entendre qu’ « une terrible beauté est née », celle d’un monde empli d’incertitudes et d’incohérences que les artistes, venus surtout d’Europe, d’Afrique et d’Amérique du Sud, se représentent dans un imaginaire « source de mouvement de l’Homme : vers le développement, vers le progrès et plus sensiblement vers un monde meilleur » (Victoria Noorthoorn, commissaire argentine).

 4 lieux : la Sucrière, le Musée d’Art Contemporain, la Fondation Bullukian à  Lyon, et l’usine T.A.S.E. à  Vaulx-en-Velin,

 2 réseaux : Résonance, réseau de galeries et lieux d’exposition privés, dont le Couvent de La Tourette avec Alan Charlton, et Vedutace qui se voit »), réseaux d’habitants associés à  des créations à  Décines, Saint-Priest, Villeurbanne, Vaulx-en-Velin, Feyzin et Lyon.

L’art est contemporain dans la mesure où il entre en résonance avec ses contemporains. L’affluence montre qu’un large public est prêt à  devenir acteur de la rencontre avec un auteur et son oeuvre, producteur à  son tour de sens, inventeur de vie.

Le débat sur ce qui fait art ou non est loin derrière nous. Le débat actuel est celui que suscitent l’œuvre et son auteur sous forme de questionnement, provocation, engagement Qu’elle séduise, qu’elle choque, qu’elle envoûte, qu’elle répulse, l’œuvre d’art contemporaine ne laisse personne indifférent, a fortiori celui-là  même qui la refuse, la nie ou l’écarte de sa vue.

L’expérience artistique est la triple rencontre d’une œuvre, d’un auteur et d’un récepteur (spectateur, auditeur). S’il n’est pas toujours aisé de se rendre contemporain du temps de la création d’une œuvre « classique », en revanche l’art d’aujourd’hui est im-médiatement accessible à  ses contemporains qui ne se sont pas laissés enfermés dans le passé ou dans l’idéologie.

Nous pouvons ne pas partager la même émotion, la même perspective, la même vision, que l’artiste ou que le voisin qui visite avec nous cette 11ème Biennale d’Art Contemporain de Lyon. Mais celle-ci nous révèle la diversité des cultures, des idées, des convictions, des imaginations, des sentiments. C’est tout un monde qui vient à  nous. Saurons-nous l’accueillir comme tel, en être son « prochain » ? Essayons :

 ces murs, ce plancher et ce plafond de notre musée que l’artiste a défoncés et perforés : pour abattre les murs qui emprisonnent les artistes ? pour nous inviter à  jeter nos œillères ?

 cet homme sans moyen qui s’acharne à  déplacer l’immeuble dans un geste généreux mais inefficace : est-il le seul à  s’escrimer ainsi?

 ce désordre d’écheveaux de laine qu’un balai semble organiser : en est-il la cause ou la solution ? balayer une dictature pour conduire au chaos ou balayer le chaos au profit d’une dictature ?

 cette religieuse plus vraie que nature dont on ne sait si elle médite ou somnole : la religion élève-t-elle l’esprit ou endort-elle les bonnes âmes ?

 ces humanoïdes, vers de terre ou chrysalides : avènement d’un nouvel homme ou retour à  la terre ?

 ce poisson à  deux têtes qui invite à  venir rêver en ses entrailles : enfantement ? ré-enchantement ? fuite des réalités ?

 ce parfait jardin à  la française au milieu de briques et verres pilés : restauration ou décadence d’un monde ancien ?

 ce trompe-l’œil sur fond de friches industrielles, à  côté des immeubles modernes du Carré de La Soie : rénovation urbaine ou tape-à -l’œil ?

 et ces maquettes d’une architecture futuriste à  la Fondation Bullukian : utopie ou proche avenir ?

Un chrétien habitué aux paraboles évangéliques devrait se promener parmi ces installations et ces performances « à  livre ouvert ». « La parabole, comme l’oeuvre d’art, rend visible » écrit Jérôme Alexandre dans L’Art contemporain, un vis-à -vis essentiel pour la Foi (p.96).

Qu’adviendra-t-il du chaos que depuis des décennies nous décrivent les artistes ? Ce que vous en déciderez aujourd’hui, semblent nous dire ces artistes et leurs œuvres.

En cette année diocésaine de l’Esprit, si le vôtre est ouvert à  celui d’autrui, courez vite à  la BAC 2011 ; sinon un bon épisode de télé-réalité et on retourne à  son sommeil !


BAC 2011, jusqu’au 31 décembre, à  La Sucrière, au Musée d’Art Contemporain, à  la Fondation Bullukian à  Lyon, à  l’usine T.A.S.E. à  Vaulx-en-Velin, dans une centaine de galeries et lieux d’exposition privés, dont le Couvent de La Tourette, et dans 9 villes de l’agglomération lyonnaise (Décines, Saint-Priest, Villeurbanne, Vaulx-en-Velin, Feyzin, Bron, Meyzieu, le Parc de Miribel-Jonage et Lyon)

Les Bienveillantes

Bientôt va débuter la saison des prix littéraire et son grand cirque médiatique. Qui se souvient des œuvres couronnées dans le passé, voire il y a quelques années ? C’est pourtant intéressant de les lire avec un peu de recul quand les projecteurs se sont éteints.
Ainsi peut-on lire « Les Bienveillantes « de Jonathan Littell qui avait reçu deux prix en 2006 : le Goncourt et le Grand Prix de l’Académie française.

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